BienneMohamed interroge Jésus sur le sens de la foi
Le journaliste et politicien Mohamed Hamdaoui s'est amusé au jeu des questions-réponses avec Jésus Christ.
- par
- Vincent Donzé
Voilà une interview qu'une catholique fervente a qualifiée de «beau cadeau de Noël», ce qui ravit son auteur: dans l'hebdomadaire «Biel Bienne», Jésus Christ est interrogé par Mohamed Hamdaoui (60 ans), journaliste et politicien d'origine touareg, né dans le désert du Hoggar et arrivé en Suisse à l'âge de trois ans pour soigner une polio.
Momo n'est ni catholique, ni musulman: il est farouchement non-croyant. La religion musulmane, il la perçoit comme un lien affectif avec ses parents: «Je respecte ma famille», glisse ce licencié en sociologie et en anthropologie de l’Université de Lausanne.
Ce qui importe à ses yeux, c'est le dialogue interreligieux. Le rapport entre les communautés s'est-il détérioré? «Rien à voir avec la France: en Suisse, on ne se regarde pas en chiens de faïence, y compris à Bienne en dépit de la multiplicité des voiles et des abaya», répond Mohamed Hamdaoui.
Les réflexes identitaires, le journaliste biennois les tolère quand ils sont comparables à ceux des supporters de football, mais il les redoute en milieu scolaire: «Prenez un professeur au gymnase: son enseignement sera contesté quand il abordera la Révolution française, avec la séparation de l'Eglise et de l'État».
Des réflexions attribuées à Jésus
«Pour certains, être «musulman», «chrétien» ou «juif», c’est un peu comme porter le maillot d’une équipe de football ou de hockey. «Mon» équipe est meilleure que la «tienne»! «Ma» religion est meilleure que «la tienne». L’«autre» est alors un adversaire, quasi un ennemi, et dans ce cas, tous les coups sont permis. Comme dans certains sports, chaque religion a aussi ses hooligans»
«En démocratie, les humains sont d’abord des citoyennes et des citoyens. Leur devoir est de respecter les lois car, contrairement aux religions, elles s’appliquent à tout le monde. Si ces lois ne leur conviennent pas, ils ont la possibilité de les changer. Mais cela ne doit pas empêcher les religions d’évoluer. Elles devraient accepter de s’émanciper de vieux dogmes»
«Pourquoi ne pas faire en sorte que les femmes aient les mêmes fonctions que les hommes? Pourquoi ne pas enfin dire que l’homosexualité n’est pas un péché ou une déviance, mais une preuve d’amour comme une autre? Pourquoi ne pas enfin admettre qu’on a le droit de choisir sa religion ou d’en sortir? Pourquoi n’a-t-on pas enfin le droit de se moquer des religions?»