Genève – Une filière de «faux vrais» certificats covid démantelée

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GenèveUne filière de «faux vrais» certificats covid démantelée

Quatre personnes, dont plusieurs astreints de la protection civile aux Grangettes, ont été arrêtées vendredi matin. Elles auraient vendu quelque 200 pass à des personnes non vaccinées.

Maria Pineiro
par
Maria Pineiro
Olivier Jornot présente un document frauduleux, délivré à une policière lors de l’enquête.

Olivier Jornot présente un document frauduleux, délivré à une policière lors de l’enquête.

mpo

Vendredi matin, la police genevoise a arrêté quatre personnes soupçonnées d’avoir vendu des certificats Covid frauduleux. A savoir, des pass «tout à fait identiques aux vrais» émis dans un centre de vaccination, mais délivrés à des personnes non vaccinées, a détaillé en début d’après-midi le procureur général Olivier Jornot. La filière identifiée aurait écoulé quelque 200 sésames depuis l’été.

Le quatuor était composé de plusieurs astreints de la protection civile officiant dans un centre de vaccination genevois, dont le patron du Ministère public a refusé de donner le nom, et d’un «certain nombre de rabatteurs chargés de trouver des clients et d’encaisser les sommes». Les complices présumés, de jeunes trentenaires, se connaissaient avant les faits qui leurs sont reprochés. Les documents étaient vendus 400 francs pièce. Selon nos informations, les civilistes auraient été affectés au centre de vaccination des Grangettes. Les faits ont vraisemblablement été perpétrés à l’insu de la clinique. Contactée dans l’après-midi, celle-ci n’avait pas souhaité commenter l’affaire de manière générale.

Procédures peu précautionneuses

La police et le Ministère public ont lancé une enquête après avoir reçu les dénonciations de «trois personnes qui se sont vues proposer d’acheter un certificat», a expliqué Olivier Jornot. Les investigations ont permis de démontrer que des pass étaient émis par des astreints de la protections civile affectés à un centre de vaccination.

Ces faits ont notamment été rendus possible car l’émission des certificats dans le centre en question ne nécessitait pas la présence de deux personnes et que les connexions personnelles à la base de données de la Confédération étaient entrées le matin, puis laissées à disposition de tout le personnel tout au long de la journée, a souligné Olivier Jornot. Le procureur général a montré un des documents frauduleux, «délivré à une policière en investigation secrète».

Identification des clients

Une fois le certificat émis, il n’y a pas de possibilités de le bloquer, a relevé le magistrat. Compte tenu des règles de protection des données, le système ne permet pas de retrouver les bénéficiaires des documents frauduleux. «Mais il y a d’autres moyens de preuves pour y parvenir. Nous pensons pouvoir les identifier.» Olivier Jornot a souligné que, pour se procurer un tel document, il fallait avoir «des moyens et des connexions».

Les personnes arrêtées sont soupçonnées de faux dans les titres et de corruption. Elles risquent des jours-amende ou des peines de prison. Dès leur interpellation, les quatre suspects ont été auditionnés par la police. Dans un deuxième temps, ils seront entendus par le premier procureur Stéphane Grodecki, chargé de l’affaire, qui décidera d’un éventuel placement en détention préventive. Les acquéreurs des faux certificats, une fois identifiés, pourraient également être poursuivis.

Cette affaire genevoise se différencie toutefois des fraudes découvertes dans des pharmacies vaudoises. «Il s’agissait de certificats de complaisance délivrés à des connaissances», a précisé Olivier Jornot, qui a souligné qu’il n’y avait pas de lien entre les deux affaires.

Autorités satisfaites

«Nous avions dénoncé plusieurs situations problématiques au Ministère public et sommes ravis de constater qu’elles ont été éclaircies», a réagit Adrien Bron, directeur de la santé, félicitant au passage les enquêteurs pour «la célérité avec laquelle ils ont mené les investigations». Le responsable confirme que la Confédération ne dispose pas de base de données de personnes vaccinées, mais le Canton de Genève sait, lui, qui a reçu les deux doses de vaccin, rassure-t-il.

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