Mondiaux d’athlétisme 2023: La star australienne du décathlon a (presque) tout d’un Suisse 

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Mondiaux d’athlétisme 2023La star australienne du décathlon a (presque) tout d’un Suisse

Cedric Dubler est le plus suisse des décathloniens australiens. A Budapest, sa cousine de la région d’Aubonne le soutiendra dans le stade, lors de ses dix épreuves réparties entre vendredi et samedi. 

Sylvain Bolt Budapest
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Sylvain Bolt Budapest
Cedric Dubler, ici en compagnie de son parrain qui habite à Froideville, dans le Gros-de-Vaud.

Cedric Dubler, ici en compagnie de son parrain qui habite à Froideville, dans le Gros-de-Vaud. 

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A Budapest, les athlètes australiens logent dans le même hôtel que celui des Suisses. «Ma précision à l’entraînement et dans la vie quotidienne trahit mon côté suisse. J’aime que tout soit organisé et clair.» Cedric Dubler se tord de rire derrière son ordinateur, contacté en visioconférence lors de son arrivée à Budapest en début de semaine, encore un peu groggy du décalage horaire.

Le décathlonien est né à Brisbane il y a 28 ans, mais s’exprime dans un français teinté d’un charmant accent british. Son père est de Crissier et sa mère de Belgique, ce qui explique qu’à la maison, les Dubler ont baigné dans un univers francophone. Ses parents sont tombés amoureux de l’Australie après en avoir fait le tour complet en moto pendant 9 mois en 1988. Après leur mariage, le couple a émigré à Brisbane, où Cedric est né après son frère Yanni et avant sa sœur Xanthia.

Huitième des Mondiaux d’Eugene l’an passé, Cedric Dubler fait partie des meilleurs décathloniens du monde, une épreuve atypique (voir ci-dessous). «Contrairement aux disciplines individuelles, il n’y a jamais de routine au décathlon, souligne-t-il. C’est un immense puzzle à résoudre, où tu dois trouver la balance entre vitesse et puissance, force et poids, etc. Il n’y a pas de type ou de corps parfait pour le décathlon et je trouve cela fascinant!» Dans l’univers particulier du décathlon, les liens sont forts. «Avec Simon (Ehammer), on se connaît depuis cinq-six ans. C’est dingue qu’il soit aussi bon en décathlon alors que c’est l’un des meilleurs du monde au saut en longueur», s’enthousiasme l’Australien. 

«J’ai essayé de lui faire prendre un passeport suisse, surtout qu’on est en train de perdre Simon Ehammer qui privilégie la longueur»

Jennifer, sa cousine qui vit près d’Aubonne 

Comme lors de chaque grand événement, surtout quand ils ont lieu en Europe, une partie de sa famille suisse vient le soutenir. Dans un café de Budapest, on retrouve Jennifer, sa cousine qui vit dans la région d’Aubonne. «J’ai essayé de lui faire prendre un passeport suisse, surtout qu’on est en train de perdre Simon Ehammer qui privilégie la longueur», sourit-elle. Ses ongles sont vernis aux couleurs de l’Australie, elle a emmené un drapeau et un t-shirt australien et s’avoue déjà un peu tendue à la veille de l’entrée en compétition de son cousin Cedric. 

Héros dans son pays pour son «sacrifice» aux JO

La Vaudoise est allée deux fois à Eugene (USA), mais aussi à Rio ou Londres pour suivre le sportif de la famille. «Après les Mondiaux juniors d’Eugene en 2014, nous avons visité l’Alaska avec Cedric et son papa», se souvient la trentenaire. Après un grand événement, Cedric Dubler ne manque jamais de faire un saut en Suisse, pour voir notamment son grand-père Gabriel (Senior), 97 ans, installé à Baar (ZG). 

Lors de chacune de ses visites en Suisse, l’Australien Cedric Dubler profite de s’imprégner des lieux.

Lors de chacune de ses visites en Suisse, l’Australien Cedric Dubler profite de s’imprégner des lieux. 

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Sur son téléphone, Jennifer nous montre les photos avec sa famille à travers le monde. Et revient sur ce moment fort des Jeux de Tokyo 2021. Éliminé de la course aux médailles, l’athlète s’était sacrifié lors de la dernière course du décathlon, le 1500, pour agir comme un «lièvre» et motiver son compatriote Ashley Moloney. L’altruisme de l‘athlète aux racines suisses a permis à son partenaire d’entraînement de décrocher le bronze olympique. 


Ce moment mémorable a été récompensé par le prix Cecil Healy pour l’esprit exceptionnel présenté aux JO. La scène, devenue virale, a fait entrer Cedric Dubler dans une autre dimension en Australie. Dans le pays des kangourous, il a désormais une plaque de chocolat à son nom. «Les gens ont été touchés par ce geste de solidarité alors que la pandémie frappait le monde, souligne l’athlète. Je garderai ce moment toute ma vie dans mon cœur!»


A Budapest, Jennifer va retrouver son autre cousin, Yanni, le frère de Cedric. Lui travaille dans l’équipe de production lors de la remise des médailles sur la piste. «Imaginez un peu si je décroche une médaille et que mon frère me l’amène», s’enthousiasme l’athlète de 28 ans.

Yanni Dubler, le frère aîné de Cedric, gère la remise des médailles dans le stade d’athlétisme de Budapest.

Yanni Dubler, le frère aîné de Cedric, gère la remise des médailles dans le stade d’athlétisme de Budapest. 

Lors des dix épreuves de décathlon, qui vont s’enchaîner entre vendredi et samedi, Jennifer va tenter de se déplacer dans le stade pour suivre au plus près les différentes disciplines. «Je prépare toujours des petites fiches pour bien comprendre le système compliqué de points», précise la Vaudoise, particulièrement fascinée par le saut à la perche, la meilleure discipline de son cousin. 

Informé de l’intérêt suisse pour l’un des fils Dubler, le papa Gabriel appelle Jennifer, qui transmet son Smartphone. «Je suis de retour du boulot et j’écoute la matinale de la RTS, sourit le paternel avec un léger accent vaudois, en direct de Brisbane. Ici, on est tous un peu stressés à moins de 24 heures du début de la compétition.» Ce vendredi, Cedric Dubler débutera son programme fou par un 100 m. Il sera 10h en Suisse et 18h à Brisbane. Des deux côtés du globe, la famille de Cedric Dubler va vibrer pour son héros.

La famille Dubler au complet lors des Jeux du Commonwealth en 2018. De gauche à droite, la maman Geneviève, Cedric, Xanthia, Yanni et le papa Gabriel.

La famille Dubler au complet lors des Jeux du Commonwealth en 2018. De gauche à droite, la maman Geneviève, Cedric, Xanthia, Yanni et le papa Gabriel. 

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Le programme fou du décathlon

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