Ski alpin: Au pied du «Hundschopf», les Suisses ont vibré pour «Odi» 

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Ski alpinAu pied du «Hundschopf», les Suisses ont vibré pour «Odi»

Sous le célèbre saut de la descente du Lauberhorn, samedi, des milliers de fans suisses se sont massés pour vivre l’exploit du Suisse. Immersion sur la colline du Girmschbiel. 

Sylvain Bolt Wengen
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Sylvain Bolt Wengen
Sous la «Tête de chien», à Wengen, l’ambiance est digne d’un grand festival de musique.

Sous la «Tête de chien», à Wengen, l’ambiance est digne d’un grand festival de musique. 

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La démarche de Walter est lente et l’homme est essoufflé. Il est 11h45 à Wengen ce samedi et le retraité allemand, «80 ans et des poussières» dit-il, a été cherché un casse-croûte à la Coop. Pas une minute à perdre, ce citoyen de Wengen depuis 1962 ne veut pas rater une miette de la descente du Lauberhorn devant sa télévision. «J’ai assisté plusieurs fois à la course au bord de la piste, mais je suis un peu trop vieux pour ça désormais», sourit-il avant de poliment nous faire comprendre qu’il doit reprendre sa route. 

Dans le train au charme désuet qui amène à Wengernalp, des touristes Japonais sont équipés pour le pôle Nord. Ceux-ci semblent ébahis lorsqu’ils aperçoivent la foule agglutinée sur la colline du Girmschbiel, située sous la fameuse «Tête de Chien».

William (à dr.) et Valentin ne connaissent pas grand-chose au ski mais sont surtout là pour l’ambiance.

William (à dr.) et Valentin ne connaissent pas grand-chose au ski mais sont surtout là pour l’ambiance. 

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William, qui sort péniblement du train avec des béquilles, avoue «ne pas connaître grand-chose au ski mais est surtout là pour la fête». Ce Neuchâtelois vient depuis des années à Wengen, car sa mère y loue un appartement. «Je vous assure que c’est bien plus calme le reste de l’année ici, voire quasi mort», sourit celui qui est accompagné par son pote Valentin. 

Vers 12h30 samedi, la colline du Girmschbiel affiche complet. Ambiance de folie sur les hauts de Wengen.

Vers 12h30 samedi, la colline du Girmschbiel affiche complet. Ambiance de folie sur les hauts de Wengen.

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Au pied de la tribune naturelle, le public acclame le passage de Justin Murisier, célébré comme un héros lorsqu’il arrive dans le virage sous la «Hundschopf». Le Valaisan vient pourtant d’être éliminé en chutant sur un saut un peu plus haut. «Nous, on est là pour la cinquième fois, on vient pour célébrer «Odi» mais aussi «notre» Alexis Monney», sourit Pierre, de La Roche (Fribourg).

«Devant la télévision, on ne se rend pas compte qu’ils volent aussi haut»

Carole, originaire de La Roche et venue suivre les skieurs au Lauberhorn

À ses côtés, son amie Carole adore voir les athlètes décoller sur la «Tête de Chien». «Devant la télévision, on ne se rend pas compte qu’ils volent aussi haut, souligne la jeune femme. Et puis c’est impressionnant comme ils sont chahutés sur ces mouvements de terrain. Je n’aimerais pas être à leur place!»  

Steve (deuxième depuis la g.) célèbre son enterrement de vie de garçon sous la «Tête de Chien», entouré par ses meilleurs amis d’Estavayer-le-Lac.

Steve (deuxième depuis la g.) célèbre son enterrement de vie de garçon sous la «Tête de Chien», entouré par ses meilleurs amis d’Estavayer-le-Lac.

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Steve et ses trois potes sont plus terre à terre. «Il a abusé Justin (Murisier)!» se marre celui qui fête son EVG au Lauberhorn. «C’est un amoureux de grimpe et de montagne, alors on a voulu le surprendre», raconte Robin, son témoin. La bande d’Estavayer-le-Lac a revêtu des combinaisons de ski «old school» et s’égosille autant que le speaker lors du passage de Marco Odermatt, qui coupe la ligne avec une avance de 2’’55. La course du Nidwaldien est accompagnée par sa chanson officielle.

Juste après la magistrale descente du Suisse, la colline du Girmschbiel bascule carrément dans l’euphorie lorsque Cyprien Sarrazin franchit la ligne d’arrivée avec 59 centièmes de retard sur le Suisse. 

Course gagnée? Il reste un certain Aleksander Aamodt Kilde, qui a tant de fois privé «Odi» d’une victoire en descente. Mais la musique crachée à plein volume par la sono s’arrête brusquement. Le speaker coupe son micro. Et toute la colline plonge dans le silence.

«Ces émotions partagées avec des amis et des spectateurs sont des instants inoubliables»

Victor, venu avec ses potes de la région lémanique 

Le Norvégien s’est violemment écrasé dans les filets de sécurité à quelques mètres de la ligne d’arrivée. Quelques minutes plus tard, le bruit des pales de l’hélicoptère stationné à côté de la colline n’augure rien de bon. Après d’interminables minutes d’interruption, le passage de l’ouvreur annonce la reprise de la course. «The show must go on!»

Le Soleurois Patrick (à g.) a conçu une installation ingénieuse pour manger une fondue à l’extérieur de manière très confortable.

Le Soleurois Patrick (à g.) a conçu une installation ingénieuse pour manger une fondue à l’extérieur de manière très confortable.

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Patrick et ses amis ont entamé leur fondue. Ce Soleurois a conçu lui-même une installation ingénieuse pour déguster le mets traditionnel helvétique en extérieur. 

Originaires de la région lémanique, Victor (au centre) et ses potes sont venus pour la deuxième fois à Wengen.

Originaires de la région lémanique, Victor (au centre) et ses potes sont venus pour la deuxième fois à Wengen. 

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Plus basique, l’installation de Victor et ses potes consiste en un caquelon reposant sur un réchaud au gaz. Simple mais efficace. Les trentenaires de la région lémanique n’ont bien sûr pas oublié bières et bouteilles de vin blanc. «On est venus parce qu’on avait adoré l’ambiance de folie sur la butte l’année passée. Ces émotions partagées avec des amis et des spectateurs sont des instants inoubliables, lâche Victor. On soutient «Odi» et toute l’équipe de Suisse. On espérait qu’Alexis Monney puisse réitérer son exploit cette année. Et la blessure de Kilde fait mal!»

Ce fan de ski habitant à Lausanne reviendra probablement l’année prochaine, comme la plupart des personnes ayant vécu un Lauberhorn en face de la «Tête de Chien». 

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