Patron de pub, Joe est aussi... guérisseur

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IrlandePatron de pub, Joe est aussi... guérisseur

Cet ancien moine accueille, tous les dimanches matin, ceux qui ont besoin de guérir leurs maux.

Ancien moine, patron de pub et «septième fils», Joe Gallagher est l’un des derniers guérisseurs religieux d’Irlande.

Ancien moine, patron de pub et «septième fils», Joe Gallagher est l’un des derniers guérisseurs religieux d’Irlande.

AFP

Ancien moine, patron de pub et «septième fils», Joe Gallagher est l’un des derniers guérisseurs religieux d’Irlande, sollicité par des croyants venus de tout le pays dans l’espoir d’obtenir un remède pour leurs maux.

Cet homme de 77 ans, qui tient un établissement dans le petit village de Pollagh, dans les Midlands (centre de l’Irlande), est le septième fils de sa famille, ce qui lui confère des pouvoirs de guérison spéciaux selon le folklore irlandais.

Chaque dimanche matin, ses visiteurs l’attendent au comptoir du «Pull Inn», patientant nerveusement autour d’une tassé de thé au lait et de biscuits.

«Je suis enceinte de mon premier enfant, mais son coeur bat difficilement», confie Maryrose, 35 ans, venue de Waterford, dans le sud-est de l’Irlande.

C’est la première fois que la jeune femme, qui «prie pour un miracle», rend visite à un guérisseur traditionnel.

«Les guérisseurs religieux offrent une expérience qui va au-delà du physique», explique à l’AFP Cecily Gilligan, autrice d’un livre sur les remèdes traditionnels irlandais, car «il y a aussi une dimension psychologique et spirituelle».

«Même si d’énormes changements ont eu lieu dans la société irlandaise et que la pratique religieuse a considérablement diminué, il y a encore quelque chose d’ancré chez les gens, qui les pousse à se tourner vers les guérisseurs et les anciens remèdes quand ils ont besoin d’aide», souligne-t-elle.

Ver de terre

Joe Gallagher avait rejoint un monastère franciscain dans les années 1960 puis l’avait rapidement quitté à l’âge de 25 ans, faute, dit-il, de pouvoir être missionnaire à l’étranger.

En 1971, il a acheté le «Pull Inn», dont les murs sont ornés de portraits d’habitués et de photos d’équipes de football et de hurling, un sport gaélique.

Une image floue, en noir et blanc, montre une rangée de six frères, avec un Joe Gallagher souriant – le plus jeune et dernier survivant de sa lignée. Un autre frère, Oliver, est mort en bas âge.

À la naissance de Joe, le curé a voulu tester son pouvoir de guérison en plaçant un ver de terre dans sa main. L’animal est mort sur le coup, raconte-t-il.

«À partir de ce moment-là j’ai commencé à soigner les gens, avant même que je ne comprenne ce que je faisais exactement», explique le guérisseur.

Il ne demande pas d’argent à ses visiteurs, mais leur propose en contrepartie de donner de l’argent à un hôpital pour enfants.

Sa règle est de ne refuser personne, et il a une fois accepté de faire «un exorcisme», une expérience «effrayante».

«En voie de disparition»

Dans le petit salon où il reçoit ses visiteurs, des objets religieux, crucifix et fioles d’eau bénite trônent sur les étagères.

«Guéris ce petit bébé», dit Joe Gallagher en caressant la plante du pied d’un enfant qui souffre d’une éruption cutanée. Après s’être renseigné sur la douleur, il masse la zone concernée avec un onguent et sollicite une aide divine.

Ses visiteurs doivent venir trois dimanches de suite, et prier entre-temps.

Pour Shane Brennan, un Dublinois de 62 ans souffrant de douleurs articulaires, «tout est une question de foi».

«Je ne serais pas ici si je n’y croyais pas. Maintenant, je croise les doigts et je prie Dieu», déclare-t-il en quittant le pub.

«Parfois, les gens reviennent davantage si les choses ne sont pas résolues, mais cela finit toujours par s’améliorer», assure le guérisseur, qui n’a pas l’intention de prendre sa retraite.

«Je me sens tellement bien quand quelqu’un revient me voir et me dit que cela a fonctionné. Alors, pourquoi devrais-je arrêter?».

D’autre part, «nous sommes une espèce en voie de disparition», est-il forcé de reconnaître. «Où trouvez-vous encore une famille avec sept enfants, qui plus est avec sept fils?».

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