Pourquoi le football peut-il rendre les supporters aussi bêtes que violents ?

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HumeurPourquoi le football peut-il rendre les supporters aussi bêtes que violents ?

C'est le seul sport qui génère autant de violence gratuite. Et cela en toute impunité ou presque.

Eric Felley
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Eric Felley
Lors du match du 9 décembre dernier, le match a été interrompu à cause des nombreux fumigènes envoyés par les supporters.

Lors du match du 9 décembre dernier, le match a été interrompu à cause des nombreux fumigènes envoyés par les supporters.

Bastien Gallay

L'émission «Forum» sur la RTS a organisé mardi soir un débat à propos des violences qui ont suivi le dernier match de football entre Lausanne et Servette. Y étaient invités le vice-président du Lausanne Sports, Vincent Steinmann, la cheffe de la police vaudoise, Sylvie Bula, et la députée socialiste Thanh-My Tran-Nhu. Les trois intervenants ont débattu des questions soulevées par le journaliste.

Ont été évoqués les problèmes de parcours depuis la gare de Lausanne jusqu'au stade de la Tuilière, les dégradations du mobilier urbain, la mauvaise configuration du stade pour la circulation des supporters, le rôle de la police, les coûts pour la collectivité, le rôle des clubs ou l'introduction des billets nominatifs.

Mais il y a une question de fond qui n'a pas été soulevée: pourquoi, en 2023, le football rend les supporters aussi bêtes et gratuitement violents? Pourquoi des personnes ordinaires se transforment en casseur le temps d'une soirée ? Certes, il s'agit d'une minorité. Mais une minorité importante et hautement nuisible. Ce constat ne s'arrête pas à ce derby lémanique de Super League, mais touche aussi chaque week-end les ligues inférieures, jusqu'aux matchs de juniors. Le football engendre une violence systémique, qui est un vrai problème de sécurité publique.

Une violence qu'on ne tolère nulle part ailleurs

De nombreux sports sont pacifiques, comme le ski, la luge, le ping-pong, le badminton, le tennis et même la boxe! Mais le football semble concentrer sur lui toutes les tensions sociales et identitaires. Ses supporters «ultra» comme on dit, fonctionnent dans une zone de non-droit, qui leur permet d'exercer une violence qu'on ne tolère nulle part ailleurs dans l'espace public.

Quoiqu'ils s'en défendent, les clubs minimisent le phénomène en se concentrant sur ce qui se passe sur le terrain, la compétition, la beauté du jeu, la recette du match ou l'enthousiasme du public dit «normal». Et les membres de la ligue rouspètent quand les autorités civiles sanctionnent  en imposant des matchs à guichets fermés.

Mais ils ne peuvent pas faire l'économie de répondre à cette question: pourquoi le football plonge-t-il une part importante des supporters dans cette forme de délire grégaire, où la responsabilité individuelle est dissoute dans le groupe ? C'est le seul sport qui génère autant de violence gratuite, et cela, en toute impunité ou presque pour leurs auteurs.

Derrière ces comportements, il y a un ressort identitaire (ici entre Lausanne et Genève) qui est entretenu depuis des lustres et qu'il faudrait traiter, plutôt que le laisser se développer en fermant les yeux. La rivalité entre les clubs est naturelle, elle fait partie de la compétition, mais elle devrait être canalisée dans un comportement acceptable pour le reste de la société. Sinon le football deviendra si impopulaire qu'on n'en voudra plus. Ce que l'on ne souhaite évidemment pas.

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