Mais combien Alain Berset va manquer à la Suisse

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Avant de saluer l'élection de Beat Jans, ce sont surtout les adieux d'Alain Berset qui ont fait grimper l'applaudimètre.

Eric Felley
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Alain Berset fleuri ce 13 décembre après son discours d'adieu.

Alain Berset fleuri ce 13 décembre après son discours d'adieu. 

Franca Pedrazzetti / Service du parlement

Ce mercredi pour la Suisse, le choix du nouveau conseiller fédéral, Beat Jans, a été au centre de toutes les attentions, surtout à Bâle d'où il vient. Mais, pour la Suisse romande, ce sont les adieux d'Alain Berset, qui ont marqué la fin d'une époque et le retrait d'un personnage public de haut vol - c'est le cas de le dire - controversé, mais rarement égalé dans son endurance.

«Alors que nous célébrons cette année les 175 ans de notre Constitution fédérale, a déclaré ce mercredi le Fribourgeois, j'aimerais une dernière fois, devant vous, faire l'éloge de la complexité et de la lenteur». Une fois encore, il a développé devant l'Assemblée fédérale des concepts philosophiques qui lui sont chers. Cet éloge de la lenteur rappelle sa formule du temps de la pandémie. À ceux qui s'impatientaient de la réouverture des commerces, il avait lancé: «Aussi vite que possible, mais aussi lentement que nécessaire».

«Les solutions radicales»

À cette lenteur, il a ajouté la complexité du monde actuel, où les crises se multiplient, tandis que «les voix appelant à des solutions radicales, niant la nuance et la complexité de notre temps, cherchant à diviser plutôt qu'à rapprocher, deviennent de plus en plus fortes».

Ces derniers temps, dans chacun de ses discours présidentiels, en Suisse comme à l'étranger, Alain Berset a intégré des mises en garde contre la montée des populismes et des nationalismes, qui font le lit des violences les plus terrifiantes dans le monde actuel. Quand il évoque ces voix «appelant à des solutions radicales», il sait très bien d'où elles viennent et où elles se situent aussi dans l'hémicycle de l'Assemblée fédérale. 

Avec son départ, ce discours contre les «forces obscures» qui divisent nos sociétés occidentales va probablement disparaître du Conseil fédéral, car on ne voit pas très bien qui serait capable de le reprendre. Pourtant, la Suisse ne pourra faire l'économie de cette réflexion dans les décisions à prendre dans les années à venir.

On verra, à partir du 1er janvier prochain, comment se positionnera dans le monde le nouveau Conseil fédéral élu ce jour. De toute façon, la stature d'Alain Berset va manquer à tous, peut-être encore plus à ses adversaires.

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