cinéma«Wonka»: une jolie douceur avant Noël
Timothée Chalamet reprend le rôle du chocolatier Willy Wonka dix-huit ans après Johnny Depp, dans ses jeunes années et en musique. En salle ce mercredi.
- par
- Laurent Flückiger
Dans le filon inépuisable des préquelles et autres séquelles, voilà «Wonka», qui se déroule bien avant «Charlie et la chocolaterie». Le roman de Roald Dahl a été adapté deux fois au cinéma, en 1971 par Mel Stuart avec Gene Wilder et en 2005 par Tim Burton avec Johnny Depp. L'histoire racontée dans le film de Paul King («Paddington»), en salle mercredi 13 décembre, est, elle, inédite, mais elle est tout autant forte de chocolat, avec la crème des acteurs britanniques.
Willy Wonka, incarné par Timothée Chalamet, est un jeune homme qui a parcouru le monde et qui débarque en ville, sans un sou, avec comme rêve d'ouvrir sa chocolaterie. Après avoir fait sensation aux Galeries Gourmet avec ses Chocovol (des chocolats volants), il est rejeté par un cartel de chocolatiers et se retrouve prisonnier d'une blanchisseuse sans pitié.
Alors que Johnny Depp interprétait un Wonka sombre et un brin psychopathe, Timothée Chalamet joue un personnage plus joyeux, prêt à traire une girafe pour agrémenter son chocolat, un personnage surtout plein d'espoir. Aucun refus ne le fera renoncer. Quitte à le dire en chantant.
Chorégraphies à la «Mary Poppins»
En effet, «Wonka» est un film musical, avec des chorégraphies qui nous font penser à «Mary Poppins». On a cru voir aussi un clin d'oeil à «Fantasia» dans une scène se tenant dans la blanchisserie. À 27 ans, l'acteur franco-américain Timothée Chalamet est tout à fait convaincant quand il danse et donne de la voix — à noter que le réalisateur savait qu'il tenait en lui son Wonka en visionnant sur YouTube ses performances musicales au lycée. Avec Tom Davis, Olivia Coleman forme un couple qui n'est pas sans rappeler celui des Thénardier dans «Les Misérables» version West End. Rowan Atkinson régale en évêque et le trio de chocolatiers est savoureux. Enfin, il y a Hugh Grant...
L'annonce de son nom pour incarner un Oompa Loompa avait suscité l'incompréhension, et même la polémique puisque c'est la première fois que ce personnage n'est pas joué par un acteur de petite taille. Les premières images de Hugh Grant avec la peau rouge et les cheveux verts n'avaient pas changé la donne. Pourtant, on a aimé sa prestation.
Le comédien de «Coup de foudre à Notting Hill» et «Love Actually» — qu'on voit après une heure de film seulement — chante ses partitions avec le flegme qu'on lui connaît (et des chaussures à pompon). Deep Roy faisait de la natation synchronisée dans «Charlie et la chocolaterie»? Hugh Grant avec sa grosse tête sur un minuscule corps se contente de s'asseoir en face de Willy Wonka et se préparer un cocktail pour que ça fonctionne.
Décors grandioses
Quelques mots encore sur les décors et accessoires. Une cité imaginaire a été élaborée sur le plateau extérieur des studios Leavesden au nord-ouest de Londres. Un travail grandiose qui se voit. Il y a bien une girafe en images de synthèse, mais les éléments de la chocolaterie comme les chocolats, loukoums ou bonbons ont été sculptés, confectionnés ou recherchés minutieusement. Et ça donne envie d'y goûter.
«Wonka» est une agréable surprise. Il faut surtout oublier Tim Burton avant d'aller le voir, car le film rappelle davantage les classiques de Walt Disney et se déguste probablement mieux en cette période de Fêtes. Et, bien sûr, il n'est pas à recommander aux personnes intolérantes aux comédies musicales. Mais en Suisse, pays du chocolat par excellence, cette nouveauté devrait en faire craquer plus d'un.