SuisseL’abattage de loups pourrait aussi être suspendu en Valais
Dans les Grisons la chasse au loup vient d’être stoppée net par un recours des défenseurs de la nature qui préparent un tel recours pour le Valais pour la semaine à venir. A l’Office fédéral vétérinaire, on déplore la décision d’Albert Rösti d’abattre tant de loups.
- par
- Adrien Iseli
Après les Grisons, c’est en Valais que l’abattage des loups pourrait être stoppé rapidement, dès la semaine prochaine. Tout comme aux Grisons, les organisations de défense de la nature vont déposer un recours contre la régulation du loup auprès du Tribunal administratif fédéral (TAF). A leurs yeux, le tir préventif de meutes entières, sans que celles-ci n'aient causé de gros dégâts, viole le droit en vigueur. «Les tirs doivent être stoppés», déclare ainsi Willy Geiger, président de la section valaisanne de Pro Natura à la «NZZ am Sonntag». Il précise que si le dépôt du recours au TAF s’est fait attendre pour le Valais, c’est à cause de l’ampleur des documents à examiner par les juristes et experts pour déposer ce recours.
Critiques de l’OSAV
Mais des voix critiques s’élèvent aussi à Berne. Dans une prise de position, l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), cité par la «NZZ am Sonntag», condamne carrément les plans du ministre de l’Environnement. L’OSAV estime qu’Albert Rösti n’a pas tenu compte des dernières statistiques sur les prédations pour l'année 2023: «Celles-ci indiquent, à notre connaissance, que le nombre de proies du loup a nettement diminué, bien que la population ait augmenté en même temps. Cela montre que des mesures plus douces que les tirs sont également efficaces», note l’OSAV.
Abattage contraire à la Convention de Berne
L’OSAV déplore encore qu’Albert Rösti veuille abattre trop d’animaux et réduire le nombre de meutes. Jusqu'à présent, Berne avait déclaré qu'il fallait au moins vingt meutes bien réparties pour assurer la présence du loup dans notre pays. Mais dans la révision controversée, ce nombre a été réduit à douze meutes sans justification scientifique. Cette décision mettrait en danger la population de loups, ce qui n'est ni défendable juridiquement, ni conforme au droit international. Ainsi, du point de vue de l'OSAV, la réglementation proposée est contraire à la Convention de Berne.
Voix critiques sous la Coupole déjà en septembre
Comme le révèle la «NZZ am Sonntag», qui a pu consulter des documents confidentiels, des voix critiques contre la décision d’abattage prises par le conseiller fédéral Albert Rösti, en charge de l’Environnement, s’étaient déjà fait entendre à Berne il y a quelques mois. Les juristes de la section Droit de la Chancellerie fédérale écrivaient dans un courriel du 6 septembre dernier qu’une «procédure de consultation aurait dû avoir lieu pour la révision partielle de l'ordonnance sur la chasse qui doit être adoptée».
Interrogé par le journal zurichois, le service de communication du Département fédéral de l’environnement, indique que, au contraire, la mise en œuvre rapide de l’abattage est urgente, car la population de loups augmente de manière exponentielle. «Sans intervention, la population de loups continuera à croître de manière incontrôlée. » L'objectif est de réduire considérablement le nombre de prédations dans l'agriculture, selon le service.