Polémique sur une fête juive célébrée à l'Elysée

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FrancePolémique sur une fête juive célébrée à l'Elysée

Des reproches sont faits à Emmanuel Macron de n'avoir pas respecté la laïcité de l'État.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, allume la première bougie du candélabre pour Hanouka aux côtés d'Emmanuel Macron.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, allume la première bougie du candélabre pour Hanouka aux côtés d'Emmanuel Macron.

Capture X

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a critiqué vendredi le fait d’avoir célébré le début de la fête juive de Hanouka au palais présidentiel, en présence du chef de l’État Emmanuel Macron, qui a démenti toute entorse à la laïcité républicaine.

«Effectivement ce n’est pas la place au sein de l’Elysée d’allumer une bougie de Hanouka parce que l’ADN républicain, c’est de se tenir loin de tout ce qui est religieux», a estimé Yonathan Arfi, président du Crif, au micro de Sud Radio.

Emmanuel Macron a reçu jeudi soir le prix annuel Lord Jakobovits de la Conférence des rabbins européens (CER) qui récompense la lutte contre l’antisémitisme et la sauvegarde des libertés religieuses. À cette occasion, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a allumé la première bougie du candélabre pour Hanouka.

L’événement n’avait pas été annoncé par l’Élysée mais des vidéos, largement visionnées sur les réseaux sociaux, ont embrasé la controverse, principalement à gauche. «L’Élysée n’est pas un lieu de culte. On ne transige pas avec la laïcité. Ce commun est précieux mais fragile», a dénoncé la socialiste Carole Delga.

C’est «de la vraie nitroglycérine»

«L’Élysée n’est ni une église, ni une mosquée, ni un temple, ni une synagogue», a renchéri Guillaume Lacroix, président du parti radical de gauche. «Une faute politique impardonnable» pour le coordonnateur de La France insoumise Manuel Bompard.

À gauche, des responsables y voient aussi le risque d’alimenter le sentiment d’un «deux poids, deux mesures» par rapport à la communauté musulmane. Dans le contexte de montée des tensions liées à la guerre entre Israël et le Hamas, c’est «de la vraie nitroglycérine», a renchéri Laurence Rossignol (PS).

Les réactions ont été moins vives à droite et à l’extrême droite, qui ont surtout critiqué, à l’instar de la porte-parole des députés RN Laure Lavalette, «une tentative de rattrapage» du chef de l’État après son absence à la marche contre l’antisémitisme du 12 novembre.

«Comment peut-on refuser de participer à une marche civique contre l’antisémitisme au motif incongru et fallacieux de la sauvegarde de l’unité nationale et célébrer une fête religieuse au sein du palais présidentiel?», s’est demandé David Lisnard (LR).

Macron ne regrette pas du tout

En retour, Emmanuel Macron a dit ne pas regretter «du tout» cette célébration, effectuée «dans un esprit qui est celui de la République et de la concorde». «Si le président de la République s’était prêté à un geste cultuel, ou avait participé à une cérémonie, ce ne serait pas respectueux de la laïcité. Mais ça ne s’est pas passé» ainsi, a-t-il fait valoir.

Plaidant pour «donner de la confiance» à «nos compatriotes de confession juive» , dans un contexte de montée de l’antisémitisme depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas, le chef de l’Etat a également plaidé pour «du bon sens et de la bienveillance».

Soutien d'Elisabeth Borne

Avant lui, la Première ministre Elisabeth Borne est aussi montée au créneau pur démentir toute entorse à la laïcité, un sujet toujours politiquement et socialement très sensible en France où prévaut un régime de séparation entre les cultes et l’État. Le président a avant tout voulu envoyer un «signal»  de «soutien» à la «communauté juive» face à la «montée de l’antisémitisme», a-t-elle plaidé.

Le président respecte «toutes les religions» et il n’y a «nulle violation de la laïcité», a quant à lui assuré sur la radio Franceinfo son ministre de l’Intérieur, également chargé des Cultes, Gérald Darmanin.

Victoire juive au IIe siècle avant JC

La fête de Hanouka commémore l’une des grandes victoires de l’histoire juive quand, au IIe siècle avant notre ère, un petit groupe de Juifs reprit le Temple profané de Jérusalem. La minuscule fiole qu’ils trouvèrent alors pour rallumer le candélabre, qui devait tenir un jour, en dura en fait huit. Pendant huit jours, à la tombée de la nuit, les fidèles allument une flamme sur un chandelier appelé «hanoukkia», placé dans l’encadrement de la porte ou de la fenêtre.

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