Triple électrocution à la Neuveville: six techniciens condamnés

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JURA BERNOISTriple électrocution à la Neuveville: six techniciens condamnés

Après la mort de Claire, de son chien Makani et de Miranda qui leur portait secours dans le lac de Bienne, la juge a prononcé des peines pécuniaires avec sursis.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Aujourd'hui à Moutier, six ans après la mort de leur fille de 24 ans électrocutée dans le lac de Bienne avec sa chienne Makani (7 ans) et une passante, Miranda Birdsall (53 ans), les parents de Claire Schläfli ont assisté à la condamnation de six techniciens: le Tribunal du Jura bernois - Seeland a décelé des «fautes graves» et des «violations crasses» dans l'installation électrique défaillante du port de La Neuveville.

Pourquoi l'eau du port était-elle électrisée et partant, à qui la faute? La juge unique Maryvonne Pic Jeandupeux a établi ce qu'elle appelle la «vérité matérielle»: un électricien a introduit un câble électrique dans le tube inférieur d'une barrière, mais personne n'a soudé ce tube pour l'immobiliser.

Un ponton mobile

Un employé a posé un ponton mobile qui a conduit l'électricité dans l'eau, alors qu'un autre a remplacé un disjoncteur qui se déclenchait trop facilement, selon des plaisanciers. À cause du ponton qui faisait bouger le tube, le câble électrique s’est dénudé, puis le courant est passé par cette passerelle pour se propager dans l’eau.

Le constat de la juge, c'est que «des manipulations ont été passées sous silence», ou «présentées comme insignifiantes». Ce qui a retenu son attention, c'est que le tube contenant le câble dégainé a été laissé brut après avoir été scié. Mais l'erreur principale a été de retirer un disjoncteur qui coupait le courant en 0,4 seconde en cas de fuite.

Homicide par négligence

La juge unique Maryvonne Pic Jeandupeux a égrainé les fautes graves commises par ceux qui ont posé l'installation et ceux qui l'ont contrôlée. Les éléments constitutifs d'un homicide par négligence sont réunis. En d'autres mots: les règles de prudence ont été ignorées de manière répétée. La juge a dit en être tombée de sa chaise.

Les électriciens, les monteurs et le technicien accusés étaient des exécutants. Leur installation a été comparée par la juge à une voiture dont «les boulons des roues sont desserrées».

Ce procès a permis au père de Claire d'entendre des excuses: «Je regrette ce que j’ai fait, je voulais rendre service», a dit un prévenu. «Je me sens une part de culpabilité», a dit un autre.

Sursis pendant deux ans

Le jour de leurs 43 ans de mariage, Christiane et Robert Schläfli ont assisté à un verdict qui ne correspond pas entièrement à leurs attentes, en raison de deux acquittements prononcés avec des indemnités. La juge leur a souhaité de pouvoir  «voir le bon côté de la vie». «C'est déjà le cas, avec six petits-enfants», glisse Robert Schläfli.

La juge a prononcé des peines pécuniaires avec sursis pendant deux ans, la plus élevée de 45 000 francs à l'encontre du gestionnaire du réseau électrique communal.

«Personne ne s'attend à être électrocuté en touchant une barrière», a indiqué la juge, en rappelant aux contrôleurs impliqués que «l'électricité, c'est dangereux». Elle a comparé les quatre prévenus condamnés à... Gaston Lagaffe qui construirait une maison de bric et de broc en disant: «J'ai essayé de faire quelque chose, est-ce que ça pourrait marcher?». Deux femmes et un chien d'aide en cas de catastrophe en ont payé le prix.

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