GroenlandLa fonte rend inévitable une forte élévation du niveau de la mer
Une étude alarmiste estime que, d’ici à la fin du siècle, le niveau des eaux va monter de 27,4 cm. Selon son auteur principal, il s’agit même d’«une limite inférieure prudente».
Même si le réchauffement climatique s’arrête, la fonte déjà entamée de la calotte glaciaire du Groenland va entraîner une hausse importante du niveau de la mer, une prévision «alarmante» et potentiellement sous-estimée, selon une étude publiée, lundi, dans la revue «Nature Climate change».
Les glaciologues auteurs de l’étude ont constaté que le réchauffement actuel, indépendamment de toute pollution supplémentaire causée par les énergies fossiles, allait entraîner au minimum une perte de 3,3% du volume de la calotte au Groenland, soit une augmentation de 27,4 cm du niveau de la mer. Les chercheurs, sans toutefois pouvoir établir un calendrier précis, affirment que la majeure partie de cette hausse pourrait se produire d’ici à 2100. Ce qui signifie que les projections actuelles seraient sous-estimées et qu’il faudrait prendre au sérieux ces «prévisions alarmantes».
Ces estimations sont par ailleurs une limite basse, car elles ne tiennent pas compte du réchauffement futur, a expliqué l’auteur principal, Jason Box, du Service national de géologie du Danemark et du Groenland. «Il s’agit d’une limite inférieure prudente. Il suffit que le climat continue à se réchauffer autour du Groenland pour que l’effet soit plus important», a-t-il déclaré. Si les niveaux de fonte extrêmes observés en 2012 se reproduisaient chaque année, l’élévation des eaux pourrait même atteindre environ 78 cm, synonyme de submersion pour de vastes étendues de faible altitude et leur population.
Fonte en Antarctique aussi en cause
Dans son rapport de référence de 2021, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a estimé que, dans le pire scénario d’émissions de gaz à effet de serre, la fonte de la calotte glaciaire du Groenland contribuerait à hauteur de 18 cm à l’élévation du niveau de la mer d’ici à 2100. L’autre source majeure de montée des eaux étant la fonte de la calotte de l’Antarctique.
Pour Jason Box, un des auteurs de ce rapport, les dernières recherches de son équipe laissent penser que ces estimations sont «trop faibles». Selon lui, si le changement climatique fait naître des menaces plus immédiates, telles que l’insécurité alimentaire, l’accélération de l’élévation du niveau de la mer va à son tour devenir un défi. «C’est dans quelques décennies qu’elle s’imposera à l’ordre du jour, car elle commencera alors à déplacer de plus en plus de personnes», a-t-il déclaré.
Dans son rapport de 2022 sur les impacts climatiques, le GIEC a déclaré que, même si le réchauffement se stabilisait entre 2 et 2,5 degrés, «les littoraux continueront à se redessiner au cours des millénaires, pouvant affecter au moins 25 mégapoles et noyer les zones de faible altitude» où vivaient, en 2010, jusqu’à 1,3 milliard de personnes.