Palais fédéral évacuéViola Amherd: «on a vite vu que c’était vraiment sérieux»
La ministre de la Défense a elle aussi été évacuée après la tentative d’intrusion d’un individu dans le Palais fédéral. Elle a raconté comment elle a vécu l’événement. Le porte-parole du gouvernement s’est voulu rassurant face aux critiques.
- par
- Christine Talos
Alors qu’elle se présentait devant la presse mercredi pour évoquer les dépenses de l’armée, la cheffe du Département fédéral de la défense Viola Amherd a raconté comment elle avait vécu mardi l’évacuation du Palais fédéral après la tentative d’intrusion d’un Valaisan en tenue de combat. «Je n’avais pas peur», a-t-elle déclaré.
Viola Amherd se trouvait en séance avec le chef de l’armée Thomas Süssli lorsque l’alarme a retenti. Elle a alors trouvé refuge pendant quelques heures au restaurant du Bellevue, l’hôtel 5 étoiles qui jouxte le Palais fédéral. Au moment de son évacuation, elle pensait revenir à sa place après 15-30 minutes maximum. Ce qui fait qu’elle n’avait pas pris son ordinateur portable. «J’ai donc appris quelque chose pour une prochaine fois: je prendrai tout avec moi!» a-t-elle ajouté non sans humour.
La Valaisanne a précisé encore avoir d’abord pensé à un exercice. «Mais on a vite vu que c’était vraiment sérieux.» Et de préciser qu’elle avait été bien guidée par la Police fédérale. «Mais il faut voir ce qu’on pourrait mieux faire une prochaine fois», a-t-elle souligné.
«Des points à améliorer»
Un point qu’a confirmé le porte-parole du Conseil fédéral André Simonazzi. Revenant sur les critiques de certains parlementaires sur leur évacuation, il a rappelé que les responsables et les protocoles ne sont pas les mêmes pour le Parlement et les bâtiments fédéraux. Il a précisé que l’évacuation dans l’aile Ouest avait, elle, été conforme aux exercices. «Les gens se sont rassemblés à l’endroit prévu», a-t-il ajouté.
«Les polices fédérale et cantonale ont effectué une analyse de la situation et pris des décisions en fonction. Elles n'auraient pas envoyé des personnes à l'extérieur s'il y avait eu un danger», a-t-il encore indiqué. «Malgré tout, il y a des points que le Conseil fédéral souhaiter aborder et améliorer pour la suite», a-t-il conclu.
Mardi, le conseiller aux États Andrea Caroni (PLR/AR) avait vivement critiqué les opérations. «L’évacuation s’est faite de manière dangereusement lente», avait-il déclaré. Et un amas de conseillers nationaux mais aussi le conseiller fédéral Guy Parmelin se sont retrouvés «désorientés», entre le Palais fédéral et l’hôtel Bellevue, selon lui.
Pour un expert en sécurité, c’est une «bénédiction» que rien ne soit passé
Un expert en sécurité, Eugen Leibundgut, s’inquiète aussi du dispositif en place et tire un parallèle avec la tuerie de Zoug en 2001. «Dans les deux cas, l’auteur était apparemment un malade mental», dit-il dans «20 Minuten». Et malgré les mesures de sécurité renforcées à Berne, il ne faut pas exclure qu’un individu armé pénètre dans le Palais fédéral. Pour lui, c’est une «bénédiction» que rien ne se soit passé mardi. Car il y a eu de grosses erreurs. À commencer par le fait que des parlementaires ont été évacués via une porte tournante. «Les goulots d’étranglement, tels qu’ils se produisent lorsque les personnes doivent être évacuées une à une par des portes battantes, conduisent à la panique», affirme-t-il.
Eugen Leibundgut critique aussi les rassemblements après l’évacuation: «Il faut toujours définir deux lieux et effectuer avant une sécurisation des voies de secours afin que les personnes évacuées ne passent pas directement à côté d’un objet suspect, comme dans le cas de la voiture, explique-t-il. Il s’inquiète aussi que certains parlementaires aient été réunis si près de la voiture suspecte. «Un forcené pourrait se déplacer et s’y rendre», explique-t-il. Selon lui, en cas d’objet suspect, le lieu doit se trouver au moins 200 mètres plus loin afin de protéger les gens d’une potentielle explosion. Et de conclure qu’il y a un «très grand potentiel d’optimisation» pour évacuer en toute sécurité le Parlement.