EnvironnementAucun accord trouvé pour réduire la pollution plastique
À l’approche de la COP 28, 175 pays n’ont pas réussi à s’entendre sur un traité international contre la prolifération des déchets plastiques.
Les négociations internationales contre la prolifération des déchets plastiques ont pris fin dimanche au Kenya, sur fond de désaccord sur l’ampleur du traité et la frustration d’ONG de défense de l’environnement face au manque d’avancées concrètes.
Les négociateurs de 175 pays ont passé une semaine au siège du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à Nairobi pour tenter de trouver un terrain d’entente sur un projet de traité visant à résoudre le problème croissant de la pollution plastique. L’enjeu de ces négociations était de taille car le plastique, issu de la pétrochimie, est partout: des déchets de toutes tailles se retrouvent déjà au fond des océans et au sommet des montagnes. Des microplastiques ont été détectés dans le sang ou le lait maternel.
Si les différentes parties se rejoignent sur la nécessité d’un traité, le fond diverge entre les ONG qui plaident pour la réduction de 75% de la production d’ici 2040 et des pays producteurs de pétrole et les lobbys des industries plastiques qui militent davantage en faveur du recyclage.
Progrès «substantiels»
Après la clôture des discussions, le PNUE s’est félicité des progrès «substantiels» réalisés grâce à la présence de près de 2000 délégués. Durant cette semaine de négociations, les délégations ont mis «davantage d’idées sur la table, comblant les lacunes (…) nous disposons (maintenant) d’un document, d’un projet de texte, qui englobe beaucoup plus l’éventail d’idées», se félicite auprès de l’AFP le porte-parole de l’International Council of Chemical Associations, un important lobby qui défend les intérêts de l’industrie du plastique, Stewart Harris.
Son de cloche différent pour plusieurs ONG de défense de l’environnement qui ont accusé certains pays, notamment l’Iran, l’Arabie saoudite et la Russie, d’avoir fait de «l’obstruction». «Sans surprise, certains pays bloquent les avancées, jouant de l’obstruction et de manœuvres procédurales», assure à l’AFP Carroll Muffett, directeur du Center for international environmental law (CIEL).
Pour les ONG, le temps presse et un traité contraignant est nécessaire car la pollution plastique devrait s’aggraver: la production annuelle a plus que doublé en vingt ans pour atteindre 460 millions de tonnes. Elle pourrait tripler d’ici à 2060 si rien n’est fait. Or, seulement 9% des plastiques sont recyclés. Le plastique joue aussi un rôle dans le réchauffement climatique: il représentait 3,4% des émissions mondiales en 2019, chiffre qui pourrait plus que doubler d’ici à 2060, selon l’OCDE.
«Impact effrayant»
Préalablement aux discussions, une soixantaine de pays – emmenés par le Rwanda, la Norvège et l’UE – ont exprimé leurs inquiétudes face à cette tendance et ont appelé à «des dispositions contraignantes dans le traité pour restreindre et réduire la consommation et la production» de plastique.
Mais lors des séances publiques, plusieurs pays se sont montrés réticents à soutenir une réduction de la production de plastique, et des divisions se sont également portées sur le caractère contraignant ou volontaire du traité. «Nous ne sommes pas là pour mettre fin au plastique, nous sommes là pour mettre fin à la pollution plastique», a déclaré dimanche après son élection le nouveau le président du Comité international de négociations (INC), Luis Vayas Valdivieso de l’Équateur, tout en déplorant «l’impact effrayant» du plastique sur l’environnement.
Les négociations de Nairobi interviennent à quelques semaines du coup d’envoi de la COP 28 sur le climat aux Émirats arabes unis dont le dessein est de parvenir à une réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’aider les pays en développement à faire face aux conséquences du changement climatique, après une année marquée par des événements météorologiques dévastateurs.