Sous les pavés d'Orvin (BE) , ce n’est pas la plage

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Jura bernoisSous les pavés d’Orvin, ce n’est pas la plage

Changer tout le pavage du village est un casse-tête qui lèse les commerçants et certains riverains. Reportage.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Le village d’Orvin n’en finit pas de refaire son pavage, au-dessus de Bienne. Le chantier se déroule par étapes et s’il est inéluctable, il pose de gros problèmes aux commerçants en général et aux villageois en particulier.

La boulangerie «La Brioche» est aux premières loges, avec une baisse du chiffre d’affaires de 50%. Et ce n’est pas fini: l’étape entamée lundi dernier durera jusqu’au 14 octobre et la suivante sera pour 2023, entre la place du village et la sortie direction Frinvillier. Enfin, un dernier tronçon sera repavé en 2024, au printemps.

Ce qui manque aux commerçants, c’est le trafic de transit, dans un nœud routier campagnard relié à Bienne et Neuchâtel. Devant la boulangerie, il ne reste rien des 4000 véhicules qui transitent habituellement par là en s’arrêtant pour acheter un pain, un croissant ou une brioche.

Cirque de voitures

Depuis lundi dernier, la boulangère assiste à un «cirque de voitures» qui font demi-tour, mais elle déplore une baisse de cent clients d’un mardi à l’autre. «La Brioche» a pensé compenser son manque à gagner en ouvrant un food truck dans la zone industrielle de Bienne, rue de Zurich 15, mais la clientèle n’a pas mordu qu’à moitié et les guêpes perturbent la vente, dans un espace ouvert…

Le pire pour la boulangère, c’est d’avoir appris mardi dernier que le chantier sera prolongé cet automne sur la place, ce qui signifie une perte prolongée de la clientèle, alors que le planning des congés et des vacances a déjà été fixé. Bref: «À chacun ses problèmes et à nous les nôtres», soupire la boulangère.

Village en deux

Les riverains ont déjà tout vu sur le nouveau chantier: une conductrice qui enguirlande les ouvriers et qui fait demi-tour en cabossant sa voiture, un motard qui force le passage et qui s’enlise dans le gravier avant de demander de l’aide. Mais le problème ne réside pas que dans la circulation: «Ça coupe le village en deux», dit un villageois à un autre. «C’est chez nous maintenant et après c’est les autres», rétorque le riverain.

Au restaurant «La Prusse», le patron Francisco «Checo» Vicenzi n’a pas le chantier devant son établissement, mais il a perdu sa clientèle de transit. «On est bloqué complètement maintenant», dit-il. Devant chez lui aussi, comme devant la boulangerie, «c’était un micmac» de conducteurs perdus dans la signalisation.

Trois orchestres

Checo ne sert plus guère de cafés le matin. Mercredi, il a vu des forestiers de la bourgeoisie biennoise manger à midi, mais lui aussi craint pour son chiffre d’affaires, d’autant que la route sera toujours fermée à l’ouverture de la chasse en cuisine… Le 21 août, il y a aura trois orchestres à «La Prusse», et Checo compte bien étendre sa terrasse sur la route…

«L’Orvinois s’identifie à ses pavés. C’est d’ailleurs une pétition qui a lancé la réflexion de ce vaste chantier car la cohabitation entre les automobilistes et la population était devenue impossible», a indiqué le maire Patrick Devaux au «Journal du Jura». Comme le pavage se fait en arc sur toute la largeur de la chaussée, il était impossible de maintenir le trafic.

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