Les écussons fanés font un livre d'art

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JuraLes écussons fanés font un livre d'art

Le musicien Christophe Meyer aime le drapeau jurassien avant tout pour son graphisme 

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Peint sur les murs et les routes au plus fort de la «Question Jurassienne», l'écusson jurassien fascine le musicien Christophe Meyer (56 ans) qui n'avait pas le droit de vote lors des plébiscites d'autodétermination de 1974 et 1976.

C'est pour son graphisme que ce musicien ajoulot aime le drapeau à la crosse, au point de publier un recueil de 80 photos. L'artiste évoque la fierté de rouler avec des plaques d'immatriculation jurassienne et lors de ses concerts, deux drapeaux décorent la scène. 

Toujours décalé, souvent désopilant

Le «Fou» était son nom de scène, une posture qui déteint: à la ville, Christophe Meyer reste toujours décalé, souvent désopilant. Musicien et guitariste, il repartira d'ailleurs en tournée, la huitième et la dernière, pour les 50 ans du plébiscite d'autodétermination.

Pour son livre édité à compte d'auteur, Christophe Meyer a privilégié les écussons délavés «par le temps et l'histoire», parfois à deux doigts de disparaître, une démarche qui donne de la poésie à un combat mené autrefois dans la rue par le Groupe Bélier. Son père l'a bien compris, qui lui a fait plaisir en s'exclamant «Ah! C'est un livre d'art».

Invisibles, estropiés, difformes

«Ce recueil purement artistique donne la priorité aux écussons écorchés, aux invisibles, aux estropiés, aux difformes… avant que le temps n’efface des murs ces souvenirs gravés à jamais dans nos cœurs», écrit l'artiste qui s'il est patriote, n'est ni militant, ni nationaliste.

Les écussons invisibles n'apparaissent que dans un rayon de soleil et ceux qu'il préfère ont été peints ou sprayés sur une surface bosselée qui les rend difformes. Au contraire des tags réservés à un milieu urbain, les écussons jurassiens sont souvent ruraux.

Quand des feuilles mortes

Les emblèmes rouges et blancs trop évidents et souvent repeints sur un rocher, comme Delémont et  Moutier, Christophe Meyer les a délaissés. Pour celui apparu quand les feuilles mortes d'une vigne ou d'un lierre sont tombées, il était trop tard pour l'intégrer à l'ouvrage intitulé sobrement «Écussons jurassiens».

Le plus emblématique des écussons est peut-être celui de La Roche, où près avoir pesté contre deux emblèmes sauvages, le Service jurassien des infrastructures a réalisé son propre projet patriotique, un écusson en béton de 250 kilos

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