De mystérieuses coupes d'arbres intriguent

Qui coupe des arbres dans la forêt du Theusseret et pourquoi? L'intrigue s'épaissit au fil des ans dans une réserve forestière des Franches-Montagnes, à tel point que le Conseil de fondation du site est sorti du bois vendredi dernier, avec les autorités de Saignelégier et du Noirmont, propriétaires des terrains.

Les coupes constatées depuis quatre à cinq ans se sont intensifiées et le plus étrange, c'est que les arbres sciés sont laissés sur place. Le cap des cent arbres sciés a été franchi, des spécimens majoritairement jeunes et et vigoureux, mais dans cette réserve de 126 hectares, les scieurs n'ont pas été identifiés.

Ce qui intrigue, c'est que les troncs ont été coupés à une hauteur moyenne de 30 centimètres. «On ne sait pas si c’est pour créer un sentier, une piste de VTT ou juste détruire pour détruire», a lâché le président du Conseil de Fondation, Jean-Marie Péquignot, cité par la radio «RFJ».

Des sentiers donneraient accès à des sites d'activités en devenir, pour l'escalade, le VTT ou le trial, mais cette thèse impliquerait logiquement de couper les souches à ras. Ici et là, sur d'autres arbres, des marques bleues évoquent un balisage.

Une scie à main semble avoir été utilisée pour les petits gabarits, mais les plus grands arbres ont visiblement été sciés à l'aide d'une tronçonneuse à accu. «Des tailles d’abattage ont été faites, donc c’est quelqu’un qui s’y connaît», estime Jean-Marie Péquignot. Trois secteurs sont touchés et le bois coupé n'a été ramassé nulle part.

Le problème dans la forêt du Theusseret, c'est que les jeunes arbres coupés devaient remplacer leurs aïeux desséchés ou mourants. Du coup, les communes de Saignelégier et du Noirmont ont décidé de porter plainte.

La surveillance s'est intensifiée et les gardes forestiers ont alerté l'Office jurassien de l'environnement, mais un appel est désormais lancé aux randonneurs invités à signaler aux autorités tout comportement suspect.

Créée en 1992 et agrandie quatre ans plus tard, la réserve forestière du Theusseret est la première du canton du Jura. Selon «Le Quotidien Jurassien», elle est de type naturelle, sans intervention sylvicole ni sanitaire, tandis que les réserves spéciales servent à promouvoir des espèces menacées par des interventions ciblées.

Lors de l’assemblée communale du 11 décembre prochain, les citoyens de Saignelégier se prononceront sur la création de trois réserves forestières et des îlots de vieux bois, ce qui porterait à 7% la surface forestière cantonale libre de toute exploitation, comme l'indique le «QJ». Couper des arbres en forêt, c'est plus grave dans une réserve, mais c'est interdit partout!