SuccessionValais: un milliardaire veut léguer sa fortune à son domestique
L’héritier d’Hermès veut adopter son homme de confiance pour lui léguer ses milliards. Mais ce n’est pas gagné.
- par
- Renaud Michiels
L’histoire n’est pas banale. Héritier d’Hermès, le Français Nicolas Puech, 80 ans, veut que son domestique hérite de ses milliards. Pour y parvenir, il tente même de l’adopter. Mais rien ne sera simple et un long combat s’annonce.
Nicolas Puech s’est installé en Suisse il y a plus de 20 ans, en 1999, relate la «Tribune de Genève». Il vit la majeure partie de son temps à La Fouly, en Valais. Descendant de la célèbre marque de luxe, il est le plus gros actionnaire individuel d’Hermès. Ses plus de 6 millions d’actions de l’entreprise pèsent quelque 10 milliards de francs. Il est célibataire et sans enfants.
Durant l’épidémie de Covid, Nicolas Puech s’est isolé et éloigné de son cercle d’amis. Il s’est senti toujours plus proche du couple qui l’entourait. Il s’agit d’un Marocain de 51 ans, qui a débuté à son service comme jardinier puis est devenu son homme à tout faire et le gestionnaire de ses résidences. Ce dernier s’est marié à une femme de ménage espagnole et ils ont eu deux enfants.
Ce couple est devenu «la famille» du milliardaire. Il décrit ses deux domestiques comme ses «enfants», son «fils adoptif» et sa «belle-fille».
Pour que ce ressenti devienne officiel, le Français a décidé de lancer une procédure d’adoption en Valais, selon les révélations du quotidien genevois. La procédure est en cours. Elle est inhabituelle pour un adulte, mais si elle aboutit, l’homme de confiance du milliardaire deviendrait son fils et héritier légitime et pourrait hériter d’au moins la moitié de la fortune de Nicolas Puech.
Un pacte successoral signé
Nicolas Puech a déjà rendu ses «enfants» de cœur riches, leur offrant diverses propriétés ou terrains valant plusieurs millions. Ce qui lui aurait valu un conflit puis une séparation d’avec son gérant de fortune.
Mais pour l’héritage, c’est une autre affaire car le milliardaire avait prévu de léguer sa fortune à une fondation d’intérêt public basée à Genève, qu’il avait créée. Il y a un peu plus de dix ans, il a signé un pacte successoral prévoyant de lui léguer toutes ses actions Hermès.
Or revenir sur un pacte successoral, contraignant, est bien plus difficile que pour un testament. Il faudrait que cette fondation, nommée Isocrate, soit d’accord et, aujourd’hui, ce n’est pas du tout le cas.
«Sur la base des informations en possession de la fondation, cette volonté d’annulation abrupte et unilatérale du pacte successoral paraît nulle et infondée», tranche son secrétaire général, Nicolas Borsinger dans la «Tribune de Genève» «La fondation s’y est opposée, tout en laissant la porte ouverte à une discussion avec son fondateur et président». Et de regretter des «conflit interpersonnel» et «convoitises en tous genres.»
Première étape, maintenant, pour le milliardaire qui est décrit comme en bonne santé avec tout son discernement, l’adoption. Mais même s’il obtient gain de cause, la suite devrait être un long combat.