Shane Mac Gowan, jamais sobre depuis ses 14 ans

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PortraitShane Mac Gowan, jamais sobre depuis ses 14 ans

Le chanteur des Pogues, décédé ce jeudi, a eu une vie haute en couleurs et en douleurs.

Shane MacGowan à Londres en 2014.

Shane MacGowan à Londres en 2014. 

AFP

Shane MacGowan, chanteur du groupe de punk celtique The Pogues, décédé à l’âge de 65 ans, usait de sa voix de barde ivre pour interpréter des ballades provocantes sur les opprimés et marginaux.

Trainant son allure échevelée, son sourire largement édenté, Shane MacGowan, qui disait n’avoir jamais été sobre depuis ses 14 ans, titubait régulièrement sur scène, comme en écho aux personnages dont il chantait les déboires.

Ses paroles, marquées par les légendes celtiques, racontaient la vie des Irlandais et de leur diaspora, sur une musique mélangeant rythmes irlandais et énergie punk.

«Embrasse mon cul»

Avec The Pogues, dont le nom vient de l’expression en gaélique irlandais «póg mo thóin» («embrasse mon cul»), qu’il a formé en 1982 avec le joueur de «tin whistle» (une flûte traditionnelle des îles britanniques) Spider Stacy, il connait le succès dans les années 1980.

Le plus grand succès commercial des Pogues est «Fairytale of New York», un duo de 1987 entre Shane MacGowan et Kirsty MacColl, qui raconte une romance entre deux marginaux. Cette chanson est devenue un classique de Noël en Irlande et au Royaume-Uni. Mais ses addictions à l’alcool et à la drogue ont rongé toute sa vie.

Il rate l'avion et la première partie de Dylan

En 1988, le groupe est invité à faire la première partie de Bob Dylan en tournée aux États-Unis mais Shane MacGowan, trop saoul, n’arrivera jamais à prendre l’avion.

«De sa voix tour à tour incohérente et lyrique, à son style de vie insouciant, en passant par la rude tendresse de sa vision du monde, il est un véritable anti-héros insouciant», disait de lui le critique musical Liam Fay.

Deux bouteilles de Guinness le soir dès ses cinq ans

Shane Patrick Lysaght MacGowan est né en Angleterre de parents irlandais le 25 décembre 1957, qui, avait-il affirmé, lui donnaient deux bouteilles de Guinness le soir dès ses cinq ans.

Adolescent, il obtient une bourse pour rejoindre la très élitiste Westminster school de Londres, mais en est expulsé pour possession de drogues. À 17 ans, il est envoyé en cure de désintoxication pour une addiction au valium.

Shane O’Hooligan

Il se fait ensuite connaître sur la scène punk londonienne, sous le nom de Shane O’Hooligan, imitant la mode des pseudonymes en vogue à l’époque chez les chanteurs, comme Johnny Rotten, Sid Vicious ou Billy Idol.

Il crée un premier groupe The Nipple Erectors, avant de fonder en 1982 The Pogues. Leur premier album «Red Roses for Me» sort en 1984 et le groupe fait la première partie des Clash, suivi en 1985 par «Rum, Sodomy and the Lash», décrit par «Spin Magazine» comme contenant «une des poésies les plus pures de l’histoire du punk-rock».

Chanson interdite

Le groupe se fait aussi la voix politique des jeunes immigrés irlandais à Londres, anti-Thatcher et anti-censure. En pleine période des «Troubles» en Irlande du Nord en 1988, leur chanson «Streets of Sorrow/Birmingham Six» raconte le drame de six Nord-irlandais condamnés à tort en 1975 pour un attentat à la bombe dans un pub de cette ville de l’Angleterre. Ils seront innocentés en 1991 dans ce qui est considéré comme l’une des plus grandes erreurs judiciaires du pays. La chanson avait été interdite par le gouvernement britannique.

En 1988, le groupe sort l’album «If I Should Fall from Grace with God», puis «Peace and Love» l’année suivante. Il est alors à l’apogée de son succès avec deux albums dans le top 5 des meilleurs ventes de Grande-Bretagne.

Mais le groupe pâtit du comportement erratique et alcoolique de Shane MacGowan et il en est exclu en 1991. «Je suis heureux de m’en être sorti vivant», confie-t-il en 2004 au journal «The Guardian», alors que le groupe s’est reformé pour des concerts.

Il a fini par se refaire le dents

Dans l’intervalle, Shane MacGowan avait continué de chanter avec un nouveau groupe, Shane MacGowan and The Popes. En 2016, son épouse Victoria Clarke annonce qu’il est enfin sobre, même s’il n’est plus que l’ombre de lui-même, et qu’il a même fait refaire ses dents. Il avait depuis multiplié les hospitalisations.

«Shane, qui sera toujours la plus belle âme et le plus bel ange, et le soleil et la lune, et le début et la fin de tout, est parti pour être avec Jésus et Marie», a-t-elle écrit jeudi sur Instagram pour annoncer sa mort.

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