CommentaireMauro Poggia a été élu sur un malentendu avec la droite
Soutenu par l'alliance de droite à Genève, ces mêmes partis se méfient clairement de lui à Berne.
- par
- Eric Felley
Depuis sa brillante élection du 12 novembre, le conseiller aux États Mauro Poggia tente de trouver un groupe politique au Parlement pour pouvoir siéger au sein des commissions. La situation est pour le moins insolite, pour ne pas dire cocasse. C'est l'alliance de droite genevoise qui l'a porté à la Chambre des cantons. Mais à Berne, il n'est le bienvenu ni dans le groupe du Centre, ni dans celui de l'UDC, ni dans celui du PLR.
Ses deux compères du MCG, Roger Golay et Daniel Sormanni élus au National, ont tôt fait de rejoindre sans état d'âme le groupe UDC. Mais, alors qu'il était élu dans la même chambre entre 2011 et 2013, Mauro Poggia était resté indépendant. Dix ans plus tard, il ne partage toujours pas le style de l'UDC. Il a essayé le groupe du Centre, où la porte s'est entrouverte, mais s'est soudain refermée. Quant au PLR, on imagine mal le leader du MCG rejoindre l'officine libérale dévolue aux affaires.
Pas de cadeau à ce niveau
Finalement, l'élection de Mauro Poggia relève d'un malentendu, qui a brisé l'hégémonie de la gauche rose-verte aux États. Les Genevois l'ont plébiscité pour son indépendance, une certaine éloquence antisystème et sa volonté de faire bouger l'assurance-maladie. Cependant à Berne, aucun des partis de droite ne partage ses idées sur la santé.
Dans les deux commissions de la santé aux États et au National, les places sont chères et d'abord réservées aux personnes dévouées à l'un ou l'autre lobby. À quoi bon laisser un fauteuil à Mauro Poggia, qui pourrait venir en soutien à Pierre-Yves Maillard ? Ce serait contreproductif et, à ce niveau, il n'est pas usuel de faire des cadeaux.
Lundi 27 novembre, date limite pour la formation des groupes à Berne, la dernière tentative de Mauro Poggia visait à rejoindre le groupe UDC, mais sans l'intégrer. Autrement dit: je suis des vôtres pour un poste en commission, mais je ne suis pas comme vous sur le fond. L'opportunisme a tout de même des limites... En fin de compte, Mauro Poggia devrait tenter de demander l'asile au Parti socialiste. Il dispose de quatre ans pour ouvrir des négociations, en voyageant depuis Genève avec son collègue Carlo Sommaruga.