Guerre au Proche-OrientAlain Berset conteste son manque d'engagement contre l'antisémitisme
Le président de la Confédération estime qu'il s'est maintes fois et clairement déterminé sur le sujet.
- par
- Eric Felley
La «NZZ am Sonntag» a fait état dimanche d'un courrier de la Fédération suisse des communautés israélites envoyé au président de la Confédération, Alain Berset. Il lui est reproché globalement de ne pas s'engager suffisamment pour dénoncer l'antisémitisme, qui s'est aggravé depuis les attaques du Hamas du 7 octobre dernier.
Dans un premier temps, le conseiller fédéral n'avait pas souhaité réagir aux critiques figurant dans cette lettre. Cependant, dimanche en fin de journée, le Département fédéral de l'intérieur (DFI) a tenu à préciser: «Le président fédéral Berset a publiquement condamné à plusieurs reprises les attaques terroristes du Hamas depuis le 7 octobre. Il a également fermement condamné à plusieurs reprises la montée de l’antisémitisme et du racisme».
Des condamnations répétées
Le DFI rappelle certaines dates. Le 9 octobre, le président a appelé son homologue israélien Isaac Herzog pour condamner les attentats et exprimé la solidarité et la grande inquiétude de la Suisse. Le 19 octobre, il a condamné les attentats du Hamas dans un discours prononcé à l'ETH de Zurich, puis dans deux discours devant des étudiants de l'Université d'Oxford le 27 octobre.
Ce même 27 octobre , Alain Berset a rencontré les directeurs cantonaux de la formation pour discuter de l'antisémitisme et du racisme dans les écoles. Il a appelé les cantons à lutter plus intensément contre ces deux fléaux. Les 9 et 10 novembre, il s'est exprimé dans deux émissions de télévision, dont l'une sur TV5 Monde, où il a parlé de son inquiétude face à la monté de l'antisémitisme.
Trois fois lors de la visite de Macron
Enfin, lors de la visite du président français Emmanuel Macron, Alain Berset n'a pas manqué de condamner la montée de l'antisémitisme et du racisme à trois reprises: dans son discours officiel, lors de la conférence de presse et lors de la conférence publique à Lausanne.
Cela dit, la lettre envoyée au président de la Confédération n'évoque pas seulement les suites du 7 octobre, mais des prises de position antérieures. La Commission des institutions politiques du Conseil national avait conclu récemment à la nécessité d’un plan d'action national contre le racisme et l'antisémitisme, qui n'avait pas l'assentiment du Conseil fédéral et d'Alain Berset.
Des projets sur Internet
Là aussi, le DFI se défend de prendre ces problématiques à la légère: «Le DFI soutient depuis de nombreuses années des projets visant à prévenir l'antisémitisme, y compris dans les écoles. Face à l'ampleur croissante de la haine sur Internet, le département a lancé il y a deux ans une action correspondante et soutient depuis lors spécifiquement des projets traitant du racisme et de l'antisémitisme sur Internet». Mais il reconnaît avoir rejeté d'autres propositions: «pour des raisons de ressources».
Le DFI œuvre également à maintenir le devoir de mémoire pour les victimes du national-socialisme. Il rappelle enfin que le 22 novembre dernier, le Conseil fédéral, sous l'impulsion du DFI, a décidé de créer une commission indépendante concernant, entre autres, l'art pillé par les nazis et leur restitution.