Abbaye de Saint-MauriceLe chanoine accusé d'attouchements a été mis en retrait
Dans un contexte difficile, le Diocèse de Sion a pris cette décision, malgré son acquittement par la justice
- par
- Eric Felley
Décidément, les «mises en retrait» se multiplient du côté de Saint-Maurice dans le dossier des abus sexuels révélés par l'émission «Mise au Point» de dimanche dernier. Après celle du Père Abbé Jean Scarcella, celle du prieur Roland Jacquenoud, c'est le chanoine curé-doyen du secteur de Saint-Maurice, qui a été mis en retrait par le diocèse de Sion.
Cette décision fait suite au témoignage à visage découvert d'une jeune femme de la région. Mélanie B. raconte qu'à l'âge de 12 ans, ledit chanoine a procédé à des attouchements intimes lors d'une visite dans le cadre familial. En 2004, une plainte avait été déposée, mais le prêtre avait nié. Plus tard, elle avait tenté de le piéger lors d'une confession en l'enregistrant à son insu. En vain.
«Nous sommes prêt à l'entendre»
Jeudi, lors de la «conférence de presse» de l'Abbaye, le chanoine Antoine Salina a évoqué ce cas: «Le témoignage de cette femme est bouleversant et nous sommes prêts à l'entendre», a-t-il dit. Mais il a rappelé que la justice valaisanne l'avait déboutée par trois fois: d'abord par une ordonnance de non-lieu, puis à la suite de recours devant le tribunal de district et l'instance cantonale.
Cependant, le travail d'instruction de la justice valaisanne a été entaché par l'extrême précaution prise par le juge d'instruction de l'époque, Philippe Medico. Le rapport de police à son intention précise: «Par mesure de précaution et selon vos ordres, aucune enquête n'a été effectuée dans les milieux fréquentés par le prêtre, notamment dans les écoles où ce dernier enseigne depuis des années». Le juge a ainsi écarté d'emblée le champ d'investigation principal, afin de protéger la réputation du prêtre. Face à cette partialité, la victime partait dans la procédure avec un net désavantage.
«Pas de détecteur de mensonge»
A la suite de l'émission, les chanoines de Saint-Maurice ont auditionné leur confrère, qui a maintenu sa version selon laquelle il ne l'avait pas touchée. «Nous ne disposons pas d'un détecteur de mensonge», a presque plaisanté Antoine Salina lors de la conférence de presse, signifiant que l'abbaye s'en tenait aux décisions de justice.
Toutefois, le chanoine en question est bien connu dans la région de Saint-Maurice et son identité n'est guère un secret. Le diocèse de Sion, qui est responsable de la pastorale du secteur de Saint-Maurice avec l'abbaye, a donc décidé que le chanoine accusé devait être mis en retrait le temps d'éclaircir les faits: «Les suites des événements évoqués ne restent pas sans conséquences sur la vie paroissiale du secteur, note le diocèse. Le travail de reconnaissance des victimes n’est pas terminé...»