InterviewMichaël Gregorio: «Enfant, je rêvais de faire du doublage dans un Disney»
Notre imitateur et chanteur préféré voyage dans le monde du cinéma avec son nouveau spectacle «L’Odyssée de la Voix», à voir le 2 mars 2024 à l'Arena de Genève.
- par
- Laurent Flückiger
Depuis plus de quinze ans, Michaël Gregorio éblouit avec ses spectacles d'imitation souvent dignes de concerts de rock. Et on aurait pu imaginer qu'il se calme après avoir dû se faire opérer des cordes vocales en 2020. Même pas.
Mercredi 15 novembre, après un enregistrement à Cannes avec l'animateur Camille Combal, l'artiste de 39 ans fait le déplacement à Genève pour répondre aux questions des journalistes. Le lendemain, il enchaîne avec quatre représentations en quatre jours de son nouveau show, «L'Odyssée de la voix». «C'est ma pire semaine», reconnaît Michaël Gregorio, qui se montre pourtant adorable en interview.
Votre nouveau spectacle s'intitule «L'Odyssée de la voix» et non des voix, alors que vous êtes imitateur. Pourquoi?
Parce que je n'ai qu'une seule voix et pas 150. Et je dois en prendre soin, car si je la perds, je n'en ai pas 149 autres, c'est ce que je raconte dans mon spectacle. J'évoque cette fragilité notamment à travers Chaplin et le cinéma muet.
Avez-vous craint de ne plus retrouver votre voix lorsque vous vous êtes fait opérer des cordes vocales?
Non, car ce n'était pas une grosse opération. Mais je ne m'attendais pas à perdre de la vélocité. C'est un peu comme si je revenais chez moi et qu'on avait changé la déco. J'ai dû reprendre mes marques. Il y a des choses que je ne fais plus sur scène, c'est vrai.
Comme imiter le death metal?
Si, si, je fais du Dave metal mais aussi du Hard Roch Voisine. Rassurez-vous: il n'y a pas que des jeux de mots pourris dans mon spectacle! (Rires.)
Avec «odyssée» dans le titre de votre spectacle, on pense forcément à «L'Odyssée de l'espace».
Bien sûr. Arnaud Lemort, avec qui j'écris et je mets en scène le spectacle, et moi avons pensé à Kubrick et à cette séquence du singe qui tape. On a imaginé le monolithe comme une enceinte et l'os comme un micro. Et on a découvert que le film «Barbie» ouvre là-dessus, alors on est très fiers. J'avais l'impression d'être validé! À partir de cette scène, on pousse les portes du cinoche. On a tourné des petits courts-métrages avec Élodie Frégé et François-Xavier Demaison. Dans le spectacle, il y a les films de la pop culture, «Rocky», «Dirty Dancing», les classiques comme «Singing in the Rain», la musique de Michel Legrand...
Et des reprises de chansons pop?
Oui, mais je reprends des registres musicaux. Par exemple, je ne reprends pas un chanteur de reggae en particulier, mais j'imite le style. Pareil avec les crooners, les chanteuses de jazz. C'est amusant, car ça me donne un peu plus de liberté. Dans ce spectacle, on entend aussi ma vraie voix.
Il y a des chansons originales?
Non. On s'est posé la question et ce n'est pas impossible que, le spectacle évoluant, on le fasse. Mais je ne veux pas que ce soit pris comme un truc d'ego. En réalité, ma voix naturelle est présente à plein d'endroits.
Un truc d'ego? Avec votre expérience, vous vous réfugiez encore derrière les voix d'autres personnes?
Je n'ai pas de problème à le faire en dehors. Je viens de le faire pour les 100 ans de Disney, je l'ai fait avec Ibrahim Maalouf, je chante avec ma voix naturelle dans le film «Hommes au bord de la crise de nerfs» d'Audrey Dana. Mais, dans le spectacle, je ne voudrais pas que ce soit mal pris, même si ça aurait du sens. Je n'ose pas. Si ça se trouve, d'ici au 2 mars à Genève, j'aurais tranché.
Quelles sont les voix qu'on vous réclame à chaque spectacle?
Il n'y a presque que des nouvelles chansons, avec certaines voix que je reprends. Il y a une seule que j'ai gardée, c'est «Diego» de Michel Berger. Les gens l'attendent. C'est étrange, c'est comme si c'était devenu une chanson à moi. Je sais que je vais les décevoir si je ne la fais pas.
Vous êtes chanteur, imitateur, acteur, compositeur, humoriste. Quelle casquette vous plaît le plus?
Je fais des cookies aussi. Vous pouvez l'ajouter! (Rires.) Dans ce que vous citez, y a un dénominateur commun, c'est le jeu. D'ailleurs, quelle chance de pouvoir dire: je vais jouer. Enfant, je rêvais de cinéma, de doublage, d'être sur scène... Concernant la scène, c'est même au-delà de ce dont je rêvais. J'ai fait des festivals, et mon plus beau souvenir est le Paléo. Quinze minutes avant le début de mon show, il pleuvait fort, il n'y avait personne. Je n'étais pas bien, je me suis dit que ça allait être un fiasco. Et une minute avant que je monte sur scène, c'était noir de monde. Et c'était merveilleux.
Vous avez dit qu'enfant vous rêviez de doublage.
J'adorais ça, je reconnaissais les voix des différents comédiens. J'étais attiré aussi par l'animation, je rêvais de faire un Disney. Et c'est arrivé. Enfin, c'est un Pixar: «Buzz l'Éclair». Je suis un jouet! (Ndlr.: Il fait la voix du chat robot Sox.) J'ai une peluche à la maison, je peux lui serrer la patte et dire: «Bonjour Buzz.»
Vous avez d'autres projets dans le doublage d'animation?
Oui, de la création de voix dans trois semaines. C'est un film français, je n'ai pas le droit de vous dire ce que c'est. L'animation sera montée sur les voix. C'est génial, vous avez juste une feuille, pas d'images et le réalisateur vous dirige. Le personnage est ensuite fait en fonction des audios.
On vous a vu en tant que comédien dans la saison 4 des «Bracelets rouges» et vous rempilez pour la suivante, c'est juste?
Oui, on vient juste de terminer le tournage. Pour moi qui ai commencé avant l'imitation par le théâtre, c'est un bonheur. Jusqu'à présent, j'ai eu des rôles très différents de ceux sur scène, et ça vient nourrir mon travail. J'espère que j'en aurai de plus en plus.
Michaël Gregorio dans L'Odyssée de la voix, le 2 mars 2024 à l'Arena de Genève. Infos et billetterie: opus-one.ch