Équilibre politiqueLe Centre ne veut plus être la troisième roue du char bourgeois
Après des élections fastes, le président du Centre se distancie d'un «bloc bourgeois» dominé par l'UDC.
- par
- Eric Felley
Pour la prochaine législature, le parti du Centre n'entend plus jouer le rôle de la troisième roue du char avec l'UDC et le PLR dans une forme d'alliance bourgeoise. Dans une interview publié lundi par la «NZZ», son président, Gerhard Pfister, avertit les dirigeants de l'UDC et du PLR, qu'il n'entend pas poursuivre cette législature dans l'idée de soutenir un «bloc bourgeois». Il estime d'ailleurs que cette appellation n'est plus de mise depuis que Christoph Blocher a justement dynamité cette entité en faisant de l'UDC un des premiers mouvement des droite en Europe.
«Quiconque parle d’un «camp bourgeois», explique Gerhard Pfister, a en tête une vision bipolaire du monde qui n’a plus rien à voir avec la réalité politique actuelle en Suisse».
«Ce serait une erreur»
Selon lui, «L'UDC s’est différenciée durement et nettement des autres partis. Cela s’est avéré payant pour elle. Mais elle ne peut pas venir maintenant et s'attendre à ce que nous nous soumettions simplement à elle, que nous avalions toutes les insultes et que nous la soutenions fidèlement avec dévouement. Ce serait une erreur.»
Il estime qu'une grande partie de la base du Centre «ne veut rien avoir à faire avec l'UDC, pour des raisons de contenu, pour des questions telles que la décence et le style et pour une attitude différente à l'égard de nos institutions».
Cependant, il est clair que les trois partis bourgeois vont continuer de travail ensemble sur des questions politiques communes: «Mais cela n’a rien à voir avec un «bloc bourgeois» rigide. Vous devez dire au revoir à cette idée. Nous avons le mandat de nos électeurs de travailler avec tous les partis qui soutiennent nos idées».
Un système à trois pôles
Le groupe du Centre va donc tenter de s'émanciper durant la législature à venir: «Nous devons définir nous-mêmes nos positions et ensuite obtenir des majorités en leur faveur. J'ai toujours dit que nous avions besoin d'un changement de culture à cet égard». Pour le président: «Nous assistons à l’émergence d’un système à trois pôles. A droite l'UDC et le FDP, à gauche le SP et les Verts, et au milieu un centre autour du parti du Centre».
Quant à une alliance thématique avec l'UDC et le PLR, il n'en voit pas l'intérêt: «L'un des problèmes réside dans la prétention intransigeante de l'UDC au leadership - comme si les autres partis n'avaient pas aussi leur propre base, leurs propres électeurs, envers lesquels ils sont tout aussi attachés que l'UDC l'est envers les siens. Il est difficile de travailler avec un parti qui insiste toujours sur le fait que seule sa position est bonne et que tous les autres ont tort».