DégradationAux sources du vandalisme
Renovate qui peignent sur le mur d'une banque à Genève, des militants qui endommagent la «pierre du destin» à Édimbourg. D'où vient la motivation de s'attaquer ainsi au patrimoine?
- par
- Clotilde Loup
Lundi, deux activistes Renovate sprayaient la façade d'une banque UBS à Genève. Une action pour dénoncer que la banque tient une grande partie du parc immobilier suisse, mais qu'elle ne fait rien pour rénover les bâtiments qu'elle détient. UBS contribue donc, selon Renovate, à aggraver la catastrophe climatique.
Mercredi 15 novembre, deux femmes et un homme ont été arrêtés et sont soupçonnés d’avoir tenté d’endommager la «pierre du destin» à Edimbourg pour protester contre la pauvreté, rapporte l'AFP. Tous trois faisaient partie de l'association «This is Rigged» (ndlr: C'est truqué).
Ces deux récentes actions font partie de la longue liste de vandalisme lié à des causes climatiques et contre des injustices sociales.
Vandaliser pas une nouveauté
Vandaliser des œuvres d'art, des monuments ou des bâtiments n'est pas nouveau. Il est omniprésent depuis les débuts de l'histoire de l'art. Le terme «vandalisme» est un néologisme créé par l’abbé Grégoire, qui cherchait à décrire les actes de déprédations lors de la révolution française, explique nos confrères de« Le journal des Arts».
Le mot trouve racine du peuple des «Vandales», considéré à l'époque comme l'archétype du barbare. Au fil des siècles, détruire tout ce qui fait l'histoire et l'identité d'une société est devenu condamnable. Il est resté par contre un moyen d'exprimer son désaccord avec la politique ou les décisions du gouvernement: par exemple, lors de la manifestation des gilets jaune et les manifestants qui avaient saccagé l'Arc de Triompheont été jugés et ont reçu des peines symboliques pour leur vandalisme.
Faire entendre la cause
Depuis trois ans, le vandalisme sur des œuvres d'art, des bâtiments ou des monuments ont pour but de faire entendre une cause. Anne Bessette, sociologue et spécialiste du vandalisme des œuvres d'art, expliquait sur «France Culture»: «viser le patrimoine donne avant tout à ses actes une certaine visibilité».
S'attaquer à des œuvres d'art aux heures d'ouvertures d'affluence des musées, peindre un bâtiment un midi permet d'avoir de la visibilité. Ces actions visent à faire réagir, à se questionner sur la cause mise en avant. C'est souvent le message qui revient de la part des activistes. Face à l'incompréhension d'un tableau, le fait de le vandaliser est une sorte de métaphore face à l'incompréhension de l'inaction des gouvernements contre le réchauffement climatique.
Que l'on adhère ou non à ces actions, le fait est...qu'on en parlera toujours. Et cela peut faire avancer les différents débats revendiqués par ces associations.