Trois footballeurs de couleur prétendent avoir été insultés

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GenèveTrois footballeurs de couleur prétendent avoir été insultés

Le directeur sportif d'UGS (Urania Genève Sport) aurait tenu des propos racistes à l'encontre de joueurs du Signal FC Bernex-Confignon. Il nie fermement.

Evelyne Emeri
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Evelyne Emeri
Samedi soir, après le match entre UGS (Urania Genève Sport) et Signal FC Bernex-Confignon (1:1), les joueurs des deux équipes amateurs semblent abasourdis sur le terrain de Belle-Idée à Chêne-Bourg.

Samedi soir, après le match entre UGS (Urania Genève Sport) et Signal FC Bernex-Confignon (1:1), les joueurs des deux équipes amateurs semblent abasourdis sur le terrain de Belle-Idée à Chêne-Bourg.

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«Bande de merde, sales fils de pute, espèce de connards, tas de merde, salopards, singes...» Trois footballeurs d'origine camerounaise, qui évoluent au Signal FC Bernex-Confignon, affirment avoir été injuriés de la sorte lors du match de 2ème ligue inter, joué samedi soir au stade de Belle-Idée. Ils pointent du doigt le directeur sportif de l'équipe adverse UGS qui aurait tenu ces insultes racistes. Les deux parties se renvoient allègrement la balle. Et annoncent d'ores et déjà leur intention de porter plainte, de part et d'autre.

«Ce sont des mensonges très graves»

Le directeur sportif d'UGS

«Ce sont des mensonges très très graves. Ce sont eux qui m'ont menacé. J'étais entouré de cinq personnes qui pourront en témoigner, il y a aussi la vidéo, l'arbitre, le banc (ndlr. des joueurs). Jamais, je n'ai prononcé de pareils propos. Je suis d'origine étrangère, je viens de Skopje (Macédoine). Cela fait 32 ans que je suis en Suisse, naturalisé, depuis dix ans au Club UGS, explique l'ancien joueur du Servette FC, aujourd'hui incriminé. J'ai toujours accueilli beaucoup de joueurs de couleur. Nous avons même une équipe de migrants.»

Un match, deux versions

Le directeur sportif d'UGS se dit meurtri par ces attaques qu'il ne s'explique pas: «C'est choquant et déplacé. Notre capitaine est sénégalais. Le foot, c'est toute ma vie. Étaient-ils frustrés par rapport aux résultats (1:1)? S'attendaient-ils à nous exploser alors qu'ils sont bien mieux classés que nous? Je vais me défendre et très certainement déposer plainte. C'est juste la honte. C'est allé trop loin. Ça me fait très mal». De l'autre côté de la barre, dans les rangs du Signal FC Bernex-Confignon, l'on soutient strictement l'inverse. Eux aussi ont des témoins, eux aussi ont une vidéo qui parlera ou pas.

«Je ne peux pas me laisser traiter comme ça»

Un des joueurs accusateurs

Président du club accusateur, Michel Jaggi estime cette situation «désolante» et «inadmissible»: «Nous nous réservons le droit de porter plainte via le club ou les joueurs, nous ne savons pas encore.» Hasard du calendrier, le comité du Signal FC Bernex-Confignon siège ce lundi soir avec un ordre du jour chamboulé. «Les insultes ont commencé avant la fin du match, je n'ai pas voulu répondre. Je suis allé après vers lui. Je ne peux pas me laisser traiter comme ça», raconte Gérard Zanga, un des trois joueurs qui accable le directeur sportif d'UGS.

«Sale chien»

«Clovis Pellet est venu à ma rescousse et on a encore entendu: «Vous êtes tous de la même espèce». José Obama était aussi là. On est tous les trois des anciens joueurs d'UGS. Nous voulons que ce Monsieur soit sanctionné, radié de son poste. Bien sûr que je vais porter plainte», conclut le footballeur encore passablement remonté. «Il y a environ deux ans, ce même personnage avait traité notre gardien de «sale chien». Il y a déjà eu des altercations par le passé», abonde l'entraîneur du Signal Bernex, Wassil Debbiche.

Demain mardi, les joueurs des deux équipes ont prévu de se rencontrer. Pour échanger et éviter toute escalade malsaine. «Entre eux, il n'y a pas eu de souci», insiste M. Debbiche.

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