L'Abbaye de Saint-Maurice prise dans une sacrée tourmente

Les temps sont difficiles pour la réputation de l'Abbaye de Saint-Maurice et de ses chanoines. Dans le suites des accusations du rapport de l'Université de Zurich, sur les abus commis dans l'Eglise catholique en Suisse, l'émission «Mise au Point» de la RTS s'est intéressée à des accusations concernant l'Abbaye de Saint-Maurice, directement rattachée au Vatican.

C'est le journaliste François Ruchti qui a mené cette enquête, diffusée dimanche soir. Cet exercice s'est avéré particulièrement difficile face au mutisme total de l'institution. Son Père Abbé, Jean Scarcella, est lui-même visé par une récente accusation d'abus. Le 13 septembre dernier, il s'est mis en retrait de sa charge le temps de l'enquête.

«Mise au Point» révèle qu'il a été remplacé par quelqu'un qui n'était pas au-dessus de tout soupçon, le prieur Roland Jacquenoud. Selon divers témoignages d'anciens chanoines, alors qu'il était chef de la formation au début des années 2000, celui-ci aurait profité de sa position pour abuser d'un novice. Il avait été déplacé un certain temps au Kazakhstan avant de revenir en Valais autour de 2015.

L'enquête de la RTS a réuni les cas de 9 religieux de l'Abbaye, qui ont été accusé d'abus sexuels et dont les victimes n'auraient jamais vraiment obtenu réparation. Les faits concernent principalement la période 1995-2005 et certains chanoines sont aujourd'hui décédés. D'après nos sources, certains auraient toutefois été condamnés, mais discrètement pour ne pas nuire à la réputation de l'Abbaye.

Le témoignage à découvert d'une jeune femme de la région, abusée par un chanoine alors qu'elle avait 12 ans sur le canapé du salon familial, illustre la difficulté à se faire entendre en tant que victime, où la parole de l'une contre celle de l'autre a créé le doute qui a profité à l'accusé. 

Ce lundi, la direction du Collège de Saint-Maurice, par son recteur Alexandre Ineichen, a réagi à l'onde de choc qu'a provoqué cette émission en informant les élèves: «La direction du collège fait part à toute personne qui aurait été victime ainsi qu'à leurs proches de ses profonds regrets et assure que tout sera mis en œuvre afin que les faits soient clarifiés».

Le collège a pris des dispositions envers les chanoines encore en exercice, dont Roland Jacquenoud, professeur de grec et de latin : «Dans l'immédiat, les personnes mise en cause dans le reportage, ne donneront plus de cours au Lycée-Collège de l'Abbaye de Saint-Maurice jusqu'à ce que les faits soient établis». Et de conclure que cette histoire laissera des traces, mais que dorénavant: «La tolérance zéro est notre règle absolue».