Ils ont Acapulco dans la peau, même après l'ouragan

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BienneIls ont Acapulco dans la peau, même après l'ouragan

Un vent à 270 km/h a pulvérisé en trois heures la retraite heureuse d'un couple biennois, rentré au bercail.

Vincent Donzé
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Vincent Donzé

Ils ont remis une veste, un vêtement dont Jasmine et Jacques Rüfenacht s'étaient débarrassé en partant s'installer au Mexique. C'était il y a six ans, pour passer une retraite heureuse dans la station balnéaire de leurs rêves: Acapulco, Mexique.

Le 25 octobre dernier, un mercredi, un avis de tempête les a retenus chez eux avec leur fils et sa compagne en vacances: «On a annulé la sortie prévue, d'autant que je n'aime pas rouler la nuit», raconte Jacques. Mais la tempête tropicale Otis s'est révélée plus violente que prévu, avec pendant trois heures, des vents tourbillonnant à 270 km/h.

Dans un bruit fou

«Dans un bruit fou venant d'en haut, on a vu des débris tomber sur notre balcon, du crépis se détacher de la façade voisine...», raconte le couple. Pendant qu'ils étaient blottis passé minuit dans une pièce borgne de leur appartement, après un repas fait de cervelas et de gruyère, le vent s'est engouffré dans le faux plafond, a tout fracassé en brisant une baie vitrée.

Le jour s'est levé, sans eau ni électricité, sur des résidences déchiquetées tout au long de l'avenue côtière qui longe la baie sur 12,2 km. Face à un bilan de 48 morts et 32 disparus, Jasmine (66 ans) et Jacques (78 ans) n'ont pas tergiversé: un retour à Bienne s'imposait.

Comme une Madeleine

«J'ai pleuré comme une Madeleine, je voulais rentrer...», confie Jasmine. Le tremblement de terre subi deux ans auparavant n'avait pas produit un tel désarroi, avec pourtant une magnitude de 7,1 sur l'échelle de Richter...

Leur appartement étant loué meublé, le couple n'a pas perdu toutes ses économies d'employée de commerce et de chef de train. La perte est affective, sur l'échelle de la convivialité: «Le Mexicain n'a pas un porte-monnaie à la place du cœur», relève Jacques.

Avec douze valises

Partis au chaud avec douze valises et un espagnol appris en deux mois, ils sont revenus au frais avec quatre bagages et un cœur en berne: Acapulco, la ville chantée par Elvis Presley quand Jasmine avait six ans, c'est fini.

Si Jasmine rêve du Mexique depuis l'enfance, Jacques a été aiguillé par son frère établi à Mexico jusqu'à sa mort. Acapulco s'est imposé pour leur retraite pendant des vacances à l'hôtel: «Quelle chance, regarde, ils ont même une piscine et un jacuzzi!», s'est exclamée Jasmine un jour de vacances, le regard tourné vers la résidence Emporio.

Le hasard ayant placé le propriétaire sur leur chemin, les Rüfenacht ont pu louer un appartement au 12e étage avec vue sur la baie et... la piscine du 8 étage. Le rêve, face à mer, avec un bail renouvelable de six mois en six, puis de trois ans en trois ans. Avec de l'ananas au petit déjeuner.

«C'est la fin brutale d'un beau rêve», disent Jasmine et Jacques d'une même voix. Ils gardent Acapulco dans la peau, au propre comme au figuré. Mais l'histoire est finie: «Nous n'y retournerons pas», disent-ils en cherchant un nouvel élan.

Le premier appartement visité à Bienne, ils l'ont obtenu. Le gérant a été sensible à leur trajectoire... Et leur garde-robe s'étoffe.

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