BienneFaire de l'hôpital un village: cette utopie effraie
Un politicien spécialisé en architecture n'est pas soutenu avec sa proposition décoiffante.
- par
- Vincent Donzé
Devenu cette année le premier citoyen de Bienne en présidant le Législatif, le docteur en architecture Benedikt Loderer (Les Verts) a secoué sa ville avec une utopie: faire de l'hôpital une seconde vieille ville, après le déménagement du Centre hospitalier.
Fondateur de la revue «Hochparterre» spécialisée dans l'architecture et l'urbanisme, Benedikt Loderer a une vision pour le quartier de Beaumont, huppé avec vue sur le Plateau et les Alpes, mais dépourvu de magasin et de boutique, de café et de restaurant.
Deuxième vieille ville
Établi dans la vieille ville, l’élu écologiste imagine un tissu social dans un complexe totalement vide après le départ du Centre hospitalier à Brügg, près du réseau routier. Dans cette friche, il imagine une deuxième vieille ville en laissant les utilisateurs s'approprier des espaces dans un mélange hétéroclite de logements, d'ateliers, de commerces et d'écoles, comme l'a résumé «Le Journal du Jura».
«Ayant déjà été hospitalisé là-bas, je sais qu’on accompagne les patients dans les couloirs, car on s’attend à ce qu’ils ne trouvent pas leur chemin tous seuls. Avec une desserte publique, des ruelles et une place qui constituerait un centre, l'hôpital pourrait fonctionner comme une ville», a indique Benedikt Loderer au «Journal du Jura».
Au prix de 55 millions
L'idée du premier citoyen n'est pas un coup d'épée dans l'eau, la Ville de Bienne s'étant assurée un droit de préemption au prix de 55 millions de francs. Selon lui, avec sa qualité spatiale unique, l'hôpital ne doit «surtout pas être considéré comme un objet à démolir» sur un plan urbanistique, mais aussi écologique.
En cas de démolition et de reconstruction, Benedikt Loderer sait qu'il faudrait des logements luxueux pour rentabiliser l'investissement. Des logements en propriété, c'est précisément ce que préconise le journaliste et chroniqueur Roland Itten, présentateur à «TeleBielingue».
Modernes et bien aménagés
Sans originalité, Roland Itten milite pour des logements «modernes et bien aménagés» capable «d'attirer de bons contribuables» dans une ville à la situation financière «désastreuse».
Mais l'utopie a aussi ses adeptes, avec les réflexions du président de la Fondation suisse pour la protection et l'aménagement du paysage Raimund Rodewald, qui veut lier ville et campagne, ou celles de la conseillère technique de Patrimoine bernois, Catherine Preiswerk, qui rêve d'un projet phare.
On ne la comprend pas
Las! La douche froide est venue du directeur du Centre hospitalier: Kristian Schneider juge l'idée d'une deuxième vieille ville «tellement visionnaire qu'on ne la comprend pas», en particulier en raison de la vétusté des infrastructures, les investissements s'étant réduits en prévision du déménagement.
Interrogé par le «Bieler Tagblatt», Kristian Schneider imagine de l'habitat et des loisirs, mais il s'en remet à une étude confiée aux étudiants de la Haute école spécialisée bernoise. Ce qui lui importe, ce sont les 55 millions générés par le Centre hospitalier et promis à l'hôpital projeté à Brügg.