AriègeUne infirmière et un cascadeur aux assises pour un guet-apens tragique
Pour avoir tué un ex-compagnon ainsi que sa fille, une femme et son nouvel amant passent devant leur juge.
Une infirmière qui n’avait pas supporté d’être quittée par son ex-compagnon comparaîtra vendredi aux assises de l’Ariège pour avoir tué, avec son nouvel amant, celui qu’elle avait jadis aimé, ainsi que sa fille, présente par hasard. Les deux accusés avaient tendus un guet-apens.
Marie-José Montesinos, 60 ans, et Jean-Paul Vidal, 52 ans, carrossier et cascadeur amateur, comparaîtront pendant six jours pour répondre des faits survenus le 30 novembre 2017.
Faux rendez-vous professionnel
Ce jour-là, cachant leur véritable identité, les accusés avaient organisé dans un petit hameau isolé d’Ariège un faux rendez-vous professionnel susceptible d’attirer Christophe Orsaz, jardinier-paysagiste à la recherche de nouveaux clients, et ancien compagnon de Mme Montesinos.
Sur les lieux, M. Vidal et Mme Montesinos le tabassent à coups de barres de fer et le laissent pour mort dans une fosse septique dont ils avaient préalablement déplacé la dalle d’ouverture au sol.
Hasard tragique
Dans la voiture de la victime, sa fille Célia Orsaz, 18 ans assiste à la scène. Pur hasard, elle se trouvait là parce que son père devait la conduire à la gare après son rendez-vous.
Les deux accusés l’attachent, la bâillonnent puis quittent en voiture les lieux avec elle. Ils se seraient alors arrêtés sur la route pour discuter de son sort, avant que, finalement, quelques kilomètres plus loin, Jean-Paul Vidal, en accord avec Mme Montesinos, l’emmène dans un bois et lui tire une balle dans la tête.
Dossier des amants diaboliques
Les corps du père et de la fille ne seront retrouvés que six mois plus tard, en juin 2018. Jusqu’alors, ce dossier est celui des disparus de Mirepoix, la commune où habitait M. Orsaz. Par la suite, il devient celui des «amants diaboliques».
En juin 2018, ce sont les aveux de M. Vidal qui, confronté aux premiers résultats des investigations, confesse les terribles circonstances du double crime et conduit les enquêteurs sur les lieux.
Elle commence par minimiser
Placée en garde à vue à son tour, Marie-José Montesinos avoue également. Mais dans les mois d’enquête qui vont suivre, elle revient sur ses premières déclarations et minimise sa participation aux faits, allant jusqu’à nier toute intention criminelle.
Aux yeux des enquêteurs, son profil psychologique s’affine également au fil des auditions: ils comprennent par exemple, sur la base de ses propres déclarations comme de celles de M. Vidal, qu’elle a manipulé ce dernier, lui ayant fait croire par exemple, par de fausses lettres anonymes, qu’elle avait en fait écrites elle-même, que M. Orsaz était dangereux et qu’il pouvait s’en prendre à eux.
Mais elle compte désormais assumer
À l’orée du procès d’assises, son avocat Me Laurent de Caunes n’a pas souhaité s’exprimer, mais il y a quelques mois, dans une procédure annexe du dossier, il avait confié que, devant la cour, elle assumerait «ce qu’elle avait fait».
«Sur la personnalité de Mme Montesinos, beaucoup a été dit», avait-il plaidé, regrettant le qualificatif de «diabolique» accolé au nom de sa cliente. «C’est une personne pleine d’angles, de fractures, de rugosités, en dépression permanente», avait-il préféré dire pour la définir.
Un colère «légitime»
Jean-Paul Vidal, lui, «appréhende énormément le procès», a confié à l’AFP son avocat, Me Mathieu Montfort. «Il appréhende le regard des parties civiles dont on peut imaginer la colère à son égard, une colère légitime».
«Il est responsable de ses actes, il n’entend pas se défausser, mais pour lui l’intérêt de ce procès, c’est d’expliquer comment lui, que l’on n’aurait jamais vu dans un box, en est arrivé là, à la lumière des actes accomplis par Mme Montesinos pour le conduire sur cette piste-là», a expliqué Me Montfort, décrivant son client comme «l’outil», le «bras armé» de sa co-accusée.
Grande impatience
Du côté des parties civiles, enfin, après six ans d’attente, l’impatience est grande, a expliqué l’un de leurs représentants, Me Arnaud Lévy-Soussan.
Pour elles, «l’intérêt de cette audience, c’est que tout soit remis à plat, que tout ce qui a été fait en plusieurs années d’information judiciaire puisse être synthétisé et surtout, leur demande, c’est dans la mesure du possible, d’essayer de comprendre ce qu’ont fait ces deux malheureuses victimes pour mériter ce qui leur est arrivé».