Heureux événementFanny Zürcher: «Nous serons deux à présenter le Tagesschau ce soir»
La journaliste de la RTS sera exceptionnellement aux commandes du TJ alémanique, ce mardi. Ce n’est pas tout: elle nous annonce être enceinte de son premier enfant!
La présentatrice du «Tagesschau», Andrea Vetsch, va prendre les commandes du «19H30» sur la RTS mardi 14 novembre. Pas de panique, il ne s’agit que d’une situation exceptionnelle dans le cadre de la première édition de la Semaine nationale de l’échange. Les Suisses allemands auront eux la chance de voir la journaliste romande Fanny Zürcher sur leur chaîne.
C’est d’ailleurs après une longue journée de répétition que nous réussissons à contacter la Biennoise de 33 ans. Mardi, il est passé 20 h 30 lorsqu’elle sort des bureaux de la Schweizer Radio und Fernsehen (SRF) dans la banlieue de Zurich. Elle nous appelle depuis le tram 11, direction le centre. Sa voix amicale ne laisse transparaître aucune fatigue, au contraire elle choisit ses mots avec soin et s’exprime parfaitement. Pourtant, elle vient de passer plusieurs heures à peaufiner son apparition de mardi au «Tagesschau» de la SRF, la version suisse allemande de notre TJ.
Comment vous préparez-vous pour présenter le «Tagesschau»?
Je ne sais pas si on peut vraiment se préparer pour relever un tel défi. J’ai un peu plus le trac que d’habitude, mais j’essaie d’être prête. J’ai eu l’occasion de faire un journal à blanc. J’ai donc repris les nouvelles d’une collègue alémanique afin d’apprivoiser le studio. C’est important pour le vocabulaire, la façon d’introduire les sujets… C’est très différent par rapport à la Suisse romande. Il faudra se lancer et espérer que tout se passe bien.
Qu’est-ce qui sera le plus difficile?
La langue, probablement. C’est notre matière principale en tant que présentatrice. Cela nous permet d’apporter notre touche personnelle, des jeux de mots et de la finesse. Là, je me sens un petit peu amputée. J’espère tout de même montrer mon côté romand, un peu plus spontané et foufou que l’alémanique. Cela peut sembler très cliché, mais nous avons une manière différente de travailler. En Suisse romande, nous sommes beaucoup plus dans la réaction avec des invités sur le plateau et les breaking news tandis qu’à la SRF ils planifient beaucoup plus à l’avance. C’est un canevas un peu plus rigide que celui du «19H30».
Vous faites cette opération pour célébrer notamment la semaine de l’échange. En tant que Biennoise, vous connaissez déjà très bien le multilinguisme, non?
C’est vrai que je vis au quotidien le bilinguisme et cette multiculturalité. Mais c’est très différent de le vivre dans un cadre professionnel. Le rôle de présentateur et de présentatrice est un peu au cœur de la langue. Devoir passer de l’autre côté du Röstigraben pour exercer son métier reste quand même un gros challenge pour toutes les raisons que j’ai citées.
Vous connaissez également bien Zurich pour y avoir été correspondante pendant trois ans. Qu’appréciez-vous de cette ville?
Justement, le fait que ce soit une ville. Certains disent que Zurich est la seule ville de Suisse. Je trouve ça un peu rude pour ses cousines romandes. Mais on a cette impression de grandeur, qu’on peut retrouver dans les grandes villes européennes ou même américaines. Typiquement, je sors maintenant du travail, il est 20 h 38 et je sais que je vais trouver à manger n’importe où. Il y a une pulsation qu’on ne retrouve peut-être pas à Nidau (BE), où j’habite. (Rires.) Mais ça peut aussi être fatigant. J’aime bien y retourner, car je trouve qu’il y a beaucoup d’émulation et de gens intéressants.
Être correspondante, cela ne vous manque pas?
Oui, cela me manque. Même si je n’ai jamais été correspondante à 100%, car j’ai très vite exercé le rôle de présentatrice. J’avais toujours un pied en Suisse romande.
Cela fait maintenant quatre ans que vous présentez les journaux du week-end de la RTS. Que retenez-vous?
Beaucoup de choses. La résilience. C’est quand même fou de se dire qu’on a présenté ces journaux en plein Covid. On annonçait des nouvelles qui pouvaient changer la vie des personnes. On était au cœur de l’action avec l’éternelle conférence de presse du Conseil fédéral, le mercredi. J’ai commencé ce travail dans cette atmosphère. Au niveau personnel, j’ai aussi énormément appris depuis que je présente durant les week-ends. Nous avons beaucoup de responsabilités. Nous sommes très impliqués dans la production du journal, nous devons trouver des invités et préparer les canevas… C’est un long tunnel. Il y a deux éditions par jour. C’est un rythme un peu dur, j’avoue. Lorsque je me suis lancée dans cette aventure, les chaussures étaient un peu grandes. Maintenant, je me sens enfin à l’aise dans cet exercice, même si j’apprends constamment. C’est un éternel recommencement.
Malgré les nombreux efforts que cela vous demande, vous voyez-vous à long terme au poste de présentatrice du téléjournal?
Vous me faites une psychothérapie? (Rires.) C’est vrai que c’est assez éreintant de présenter le téléjournal. Il y a beaucoup d’appelés pour peu d’élus. Je ne vais pas baser toute ma vie sur ce plan de carrière. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est le journalisme. Je m’imagine dans plein de domaines différents. Donc, non je ne serai pas encore là pendant vingt-cinq ans. (Rires.)
Quels domaines vous viennent en tête?
La correspondance, justement. Les possibilités sont multiples au sein de la RTS. Peut-être que j’aurais envie de retrouver le terrain? Parfois, sur le plateau, il y a un côté un peu artificiel, qu’on essaye de casser bien sûr. Mais il n’y a rien de mieux que d’aller à la rencontre des gens.
Vous débordez d’énergie et multipliez les projets. Allez-vous continuer avec la même cadence en 2024?
D’une manière différente, oui! (Elle sourit.) Un bébé est attendu pour le mois de février. Nous serons donc deux à présenter le «Tagesschau» ce soir!