Mondiaux de ski alpinLe retour inespéré d’Ilka Stuhec
La Slovène, double championne du monde de descente, a failli mettre un terme à sa carrière cet été. A 32 ans, elle peut décrocher une troisième couronne samedi à Méribel. Mais Sofia Goggia et les Suissesses espèrent aussi briller.
- par
- Sylvain Bolt Méribel
Ilka Stuhec aurait pu être assise sur son canapé samedi matin lors de la descente des Mondiaux de Courchevel/Méribel. Cet été, la Slovène a sérieusement envisagé la retraite. Elle sera pourtant l’une des prétendantes au titre mondial sur la piste Roc de Fer. Le 21 janvier dernier à Cortina, la Slovène a retrouvé la victoire, sa dixième en carrière, quatre ans après son dernier succès. Avec deux autres podiums cet hiver en descente, elle occupe la deuxième place de la discipline derrière le phénomène Goggia.
Championne du monde de descente en 2017 et en 2019, Ilka Stuhec a mis du temps pour retrouver son statut. Pour se donner une dernière chance, la lauréate du globe de descente en 2017 a rajeuni son staff en engageant l’ancien skieur serbe Marko Vukicevic (30 ans) pour épauler sa mère au coaching cet été. «J’ai choisi un entraîneur plus jeune, éclate de rire la Slovène après le super-G de Méribel, où elle a terminé 12e. On a un bon feeling!»
Ilka Stuhec et le Bernois Stefan Abplanalp, qu’elle avait engagé en 2019, quelques mois après une nouvelle blessure au genou (rupture des ligaments croisés) ont mis fin à leur collaboration à la fin de la saison passée. Leurs chemins se seraient séparés car ce dernier voulait changer de voie et Ilka Stuhec avait besoin d’une nouvelle source de motivation.
Plus que ce changement de coaching, c’est surtout son pari audacieux de changer de matériel, passant de Stöckli à Kästle, qui semble porter ses fruits. «Une bonne partie de mon succès retrouvé est liée à ce transfert, confirme la Slovène. J’ai senti que je pouvais reprendre confiance dès les premiers virages, être décontractée et bien skier. Cela m’a aidé mentalement et j’ai pu prendre un nouveau départ.»
Le «all-in» de Stuhec
Selon son ex-coach, le choix est courageux, car Kästle n’était pas sur le marché dans les disciplines de vitesse. Mais la marque autrichienne a énormément investi pour Ilka Stuhec et la Tchèque Ester Ledecka, en engageant notamment Guntram Mathis, dit «Tchunti», l’ancien serviceman d’Alexis Pinturault. «Ilka pouvait participer au développement et ça lui a donné cette nouvelle motivation qu’elle recherchait, rajoute l’actuel consultant à SRF. Et contrairement à Michelle Gisin, qui a dû tout changer (chaussures, fixations et plaques) en plus des skis, Ilka a pu garder ses chaussures (ndlr: car Kästle n’en produit pas).»
Le all-in d’Ilka Stuhec 32 ans lui a permis de redevenir l’une des meilleures descendeuses du monde en retrouvant le style qui était le sien lorsqu’elle dominait la discipline. «On voit que le matériel fonctionne, notamment au niveau de son langage corporel sur la piste, elle a beaucoup plus confiance par rapport à ce qu’il se passe sous ses skis, analyse Stefan Abplanalp. Elle prend des courbes sur son ski extérieur, comme elle le faisait il y a trois ans et peut désormais transposer certains éléments qu’on a travaillés ensemble ces derniers hivers.»
L’ancien coach des Suissesses et de Lindsey Vonn est convaincu que le titre se jouera entre Sofia Goggia et Ilka Stuhec. Réponse samedi à 11h à Méribel.