Niger: Opposée à toute intervention, l’Algérie poursuit sa médiation

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NigerOpposée à toute intervention, l’Algérie poursuit sa médiation

L’Algérie, déjà limitrophe de deux pays en proie à des crises profondes (le Mali et la Libye), fait tout pour éviter l’ouverture d’un troisième front.

Plus grande nation d’Afrique, l’Algérie partage près de 1000 km de frontière avec le Niger. (Image prétexte)

Plus grande nation d’Afrique, l’Algérie partage près de 1000 km de frontière avec le Niger. (Image prétexte)

AFP

Hostile à toute intervention armée au Niger, l’Algérie poursuit ses efforts de médiation avec l’envoi jeudi dans ce pays du numéro deux de sa diplomatie, Lounès Magramane, qui a appelé à privilégier la «négociation», selon la radio nationale nigérienne.

«Une intervention au Niger aura des conséquences naturellement désastreuses non seulement sur le Niger mais aussi sur tous les pays de la région», a-t-il déclaré, assurant privilégier la «négociation», selon des propos rapportés par la radio nationale nigérienne.

Toujours selon ce média, Lounès Magramane a rencontré le premier ministre nommé par le régime militaire, Ali Mahaman Lamine Zeine, en présence de plusieurs membres de son gouvernement – les ministres de la Défense Salifou Mody, des Affaires étrangères Bakary Yaou Sangaré, et de la Justice Alio Daouda.

«Menace directe pour l’Algérie»

Mercredi, c’est le chef de la diplomatie algérienne, Ahmed Attaf, qui avait entamé une tournée de discussions dans trois pays de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) (Nigeria, Bénin et Ghana) sur mandat du président algérien, Abdelmadjid Tebboune, pour des «consultations sur la crise au Niger et les moyens d’y faire face».

Il a souhaité que cette visite renforce «l’élan international et régional» et encourage «l’adhésion de tous autour du processus politique et pacifique pour le règlement de la crise au Niger». La diplomatie algérienne a un long passé de médiations ou tentatives dans le règlement de conflits internationaux.

Le président Tebboune a fait savoir le 6 août qu’il refusait «catégoriquement toute intervention militaire» extérieure au Niger qui représente, selon lui, «une menace directe pour l’Algérie». Il «n’y aura aucune solution sans nous. Nous sommes les premiers concernés», avait-il ajouté, dans un entretien sur la télévision nationale.

Mille kilomètres de frontière commune

Plus grande nation d’Afrique, l’Algérie, qui partage près de 1000 km de frontière avec le Niger, est limitrophe de deux pays en proie à des crises profondes, le Mali et la Libye, et elle refuse l’ouverture d’un troisième front. Après le renversement le 26 juillet par des militaires du président nigérien Mohamed Bazoum, élu en 2021, la CEDEAO a annoncé le 10 août son intention de déployer une force ouest-africaine «pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger».

«Deux pays (ndlr: le Mali et le Burkina Faso) sont prêts à entrer dans la bataille (ndlr: aux côtés du Niger)», avait souligné Abdelmadjid Tebboune, en estimant qu’en cas d’opération militaire, «tout le Sahel s’embrasera». Les militaires qui ont pris le pouvoir au Niger il y a près d’un mois ont d’ailleurs annoncé jeudi qu’ils autoriseraient les forces armées de leurs voisins du Burkina Faso et du Mali à intervenir sur leur sol «en cas d’agression».

Les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso et du Mali, Olivia Rouamba et Abdoulaye Diop, étaient en visite jeudi à Niamey où ils ont été reçus par le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani. Ils ont «salué» la signature d’ordonnances «autorisant les forces de défense et de sécurité du Burkina Faso et du Mali d’intervenir en territoire nigérien en cas d’agression».

Le Burkina et le Mali, confrontés comme le Niger à des violences djihadistes récurrentes, sont également dirigés par des militaires ayant pris le pouvoir par la force, entre 2020 et 2022. Très vite, ils ont affiché leur solidarité avec les nouvelles autorités nigériennes, en particulier face à la menace brandie par la Cedeao d’intervenir militairement pour rétablir l’ordre constitutionnel.

(AFP)

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