Mondiaux de cyclisme: Un long chrono, exercice devenu une rareté

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Mondiaux de cyclismeUn long chrono, exercice devenu une rareté

Autour de Stirling, Stefan Küng, Stefan Bissegger et compagnie vont se coltiner vendredi un contre-la-montre long de 47,8 km, aux Mondiaux de Glasgow.

Robin Carrel Stirling
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Robin Carrel Stirling
Les Suisses aiment se battre contre des montres.

Les Suisses aiment se battre contre des montres.

IMAGO/Sirotti

C’est un autre temps et il ne faut surtout pas comparer les époques, d’accord. Mais sachez juste qu’en 1947 avait eu lieu le plus long contre-la-montre de l’histoire du Tour de France. Couru sur… 139 kilomètres. L’année suivante, la Grande Boucle a proposé plusieurs exercices chronométrés à ses participants, avec la bagatelle de 229 bornes à couvrir sur une seule édition.

La mode des longs chronos est restée, mais les distances sont presque devenues humaines. Enfin, il faut vite le dire. La 10e étape du Tour de France 1987, remportée par Stephen Roche, faisait tout de même 87,5 km, par exemple. Miguel Indurain, Tony Rominger et compagnie, ensuite, ont bâti des succès sur des grands Tours en suivant en montagne et en explosant tout le monde en solitaire.

Dans le vélo moderne, c’est devenu tout l’inverse. Lors du grand raout de juillet, cette année: un seul contre-la-montre. De 22,4 bornes. Et avec deux bosses au milieu! Un changement de paradigme devenu brutal. Du coup, les spécialistes de l’effort solitaire rongent leur frein. Pire, ils n’ont quasiment plus de «vrai chrono» - genre des bons trucs tout plats et de plus de 30 bornes - à se mettre sous les roues sur le World Tour.

«Le champion du monde de l’exercice doit refléter la tendance du cyclisme.»

Stefan Küng

«Pour moi, le vélo, ça doit être de tout, explique Stefan Küng, forcément impacté dans sa carrière par ce trend récent. Quand Bradley Wiggins gagne le Tour de France il y a onze ans, il y avait près de 100 km contre la montre. Cette année, c’était l’extrême inverse. Bon, Jonas Vingegaard n’a pas eu besoin de plus pour faire d’énormes différences, hein.»

Le Danois avait écrasé tout le monde et on n’ose pas imaginer le trou qu’il aurait fait sur une plus longue distance. «Celui qui gagne le Tour devrait savoir se défendre sur tous les terrains et, à mon avis, il devrait y avoir au moins un vrai chrono sur la Grande Boucle, explique le Thurgovien. Mais c’est comme ça! On ne peut pas intervenir là-dessus… C’est notre époque, les choses fluctuent. Il y a certaines saisons où il y avait des contre-la-montre par équipes. Là, ça n’existe quasi plus.»

«Moi, je suis spécialiste du chrono et je pense que, historiquement, sa place est dans le vélo. C’est important qu’il la garde, a continué celui qui est à moitié Liechtensteinois. Allez… Deux contre-la-montre, un de 10-15 km, un autre de 20-30, ce ne serait pas mal. Aux JO, c’était 32. Et là, 47! C’est un peu bidon. Parce que le champion du monde de l’exercice doit refléter la tendance du cyclisme.»

Le Suisse avait gagné la dernière compétition sur une telle distance (45,4 km, sur le Chrono des Nations 2022) et où il avait battu de deux secondes le champion du monde en titre norvégien Tobias Foss. «Sur environ 50 bornes, tu ressens moins la puissance, la vitesse tout ça. Si on va dans un sens, il faut que tout aille dans le même!» a-t-il conclu.

Au programme vendredi donc: 47,8 km et deux bosses et demie. Dont un raidillon terrible vers la Château de Stirling à la fin. Une montée vers l’inconnu, en quelque sorte.

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