YémenRaids saoudiens après une annonce de trêve par les rebelles
Quelques heures après un cessez-le-feu unilatéral proclamé par les combattants Houthis, la coalition menée par Ryad a mené des frappes sur la capitale Sanaa dans la nuit de samedi à dimanche.
La coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite au Yémen a bombardé des zones contrôlées par les rebelles Houthis dans la nuit de samedi à dimanche, après que ces derniers ont annoncé de manière unilatérale une trêve de trois jours, a indiqué Ryad.
«Frappes aériennes»
La guerre qui ravage le Yémen, pays pauvre de la péninsule arabique, depuis plus de sept ans oppose les forces progouvernementales, appuyées par la coalition, aux Houthis, des rebelles soutenus par le grand rival de Ryad, l’Iran. Samedi soir, vers minuit, la coalition a annoncé avoir «lancé des frappes aériennes sur les camps (militaires) et zones stratégiques des rebelles Houthis à Sanaa», la capitale aux mains des rebelles depuis 2014, selon la chaîne de télévision d’Etat saoudienne Al-Ekhbariya. Aucun commentaire n’a été fait dans l’immédiat sur des victimes potentielles dans ces raids.
La coalition a renforcé les raids sur les zones contrôlées par les rebelles Houthis, notamment Sanaa (nord) et la région méridionale de Hodeida (ouest), en réaction à une nouvelle série d’attaques des rebelles contre l’Arabie saoudite vendredi. L’une d’entre elles a provoqué – sans faire de victimes – un gigantesque incendie dans un site pétrolier à Jeddah (ouest), proche du circuit de Formule 1 qui accueille le Grand Prix d’Arabie saoudite. Mais le lendemain, les rebelles ont annoncé qu’ils allaient cesser leurs offensives dans leur pays ainsi qu’en Arabie saoudite pendant «trois jours».
«Perspectives inquiétantes»
Cette trêve pourrait devenir «permanente» si l’Arabie saoudite lève le «blocus» sur le Yémen, cesse ses raids aériens et retire ses «forces étrangères» du pays, avait déclaré Mahdi al-Mashat, haut responsable des Houthis. Les Saoudiens n’ont pas réagi à cette annonce.
Dimanche, le bureau de l’envoyé spécial de l’ONU pour le Yémen, Hans Grundberg, a annoncé que ce dernier «poursuivait ses efforts en vue d’une trêve pendant le ramadan», le mois de jeûne musulman qui a lieu cette année en avril. «Il réitère son appel à la désescalade et salue toutes les mesures prises par les parties dans cette direction», a-t-il déclaré sur Twitter.
Samedi, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait «fermement condamné la récente escalade du conflit au Yémen», dénonçant tant «les attaques aériennes menées vendredi par les Houthis» que «les frappes aériennes de la coalition qui ont suivi à Sanaa». Selon l’ONU, ces raids «auraient tué huit civils, dont cinq enfants et deux femmes». Cette situation laisse prévoir des «perspectives extrêmement inquiétantes», selon Achim Steiner, le chef du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD). «La réalité est que le désespoir, la pauvreté, la destruction ont atteint un niveau tel au Yémen que la majorité de la population n’est plus en mesure, d’une manière ou d’une autre, de subvenir à ses besoins», a déclaré à l’AFP le responsable onusien.
Avec près de 380’000 morts et des millions de déplacés selon les Nations Unies, la guerre a provoqué au Yémen l’un des pires drames humanitaires au monde, une grande partie de la population étant confrontée à une faim aiguë, parfois proche de la famine.