Droit à l’avortement – La Californie se prépare à un afflux de patientes rejetées par d’autres Etats

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Droit à l’avortementLa Californie se prépare à un afflux de patientes rejetées par d’autres États

Si la Cour suprême américaine restreint le droit à l’avortement, des États pourraient se montrer plus sévères. Du coup, certains se disent prêts à recueillir les femmes souhaitant une IVG.

La Californie entend être en mesure de répondre aux demandes d’interruption volontaire de grossesse de toutes les femmes, qu’elles vivent dans l’État ou ailleurs.

La Californie entend être en mesure de répondre aux demandes d’interruption volontaire de grossesse de toutes les femmes, qu’elles vivent dans l’État ou ailleurs.

AFP

La Californie se prépare à accueillir un afflux de femmes souhaitant bénéficier d’une interruption volontaire de grossesse si la Cour suprême des États-Unis modifie prochainement, comme beaucoup s’y attendent, le cadre légal qui garantit, depuis 1973, le droit à l’avortement.

Encouragées par le gouverneur Gavin Newsom et d’autres élus démocrates, une quarantaine d’organisations de défense des droits civiques, de promotion de la santé publique et de planning familial ont formulé, mercredi, une liste de recommandations très précises pour que la Californie soit en mesure de répondre aux demandes d’IVG (interruption volontaire de grossesse) de toutes les femmes, qu’elles vivent dans l’État ou ailleurs.

Le gouverneur Newsom s’était publiquement félicité de la création, fin septembre, de ce «Conseil pour l’avenir de l’avortement», pour «étendre l’accès à la santé sexuelle et reproductive, y compris l’avortement au lendemain de restrictions dangereuses, néfastes et anticonstitutionnelles mises en place au Texas». Cet État du sud, majoritairement conservateur, interdit depuis le 1er septembre, les IVG, dès six semaines de grossesse.

Un centre dans le Mississippi, plus de 150 en Californie

Les défenseurs du droit à l’avortement s’inquiètent désormais d’une autre menace: la Cour suprême semble disposée à donner son feu vert à une loi adoptée, en 2018, par le Mississippi, qui interdit d’avorter après 15 semaines de gestation.

Cette loi viole le cadre de l’arrêt historique «Roe v. Wade» de 1973, dans lequel la Cour suprême a estimé que la Constitution américaine garantissait le droit des femmes à avorter tant que le fœtus n’est pas «viable», soit vers 22 à 24 semaines de grossesse, et son entrée en vigueur a pour l’instant été bloquée à ce titre. Si le temple du droit, qui doit rendre sa décision d’ici fin juin, valide cette loi locale, de nombreux autres États conservateurs souhaitant en finir avec l’avortement pourraient s’engouffrer dans la brèche.

Signe du profond clivage sur le sujet aux États-Unis, le Mississippi compte un seul centre pratiquant des interruptions de grossesse, tandis que la Californie, État le plus peuplé, en recense plus de 150.

Hausse des appels en provenance du Texas

Selon l’Institut Guttmacher, si la Cour suprême tranche en faveur du Mississippi, 26 États américains décideraient «certainement ou probablement» d’interdire l’IVG sur leur territoire. En fait, si l’arrêt «Roe v. Wade» était cassé ou «significativement affaibli», 21 États ont déjà mis en place des lois ou des amendements qui leur permettraient de passer à l’acte très rapidement, souligne cet institut de recherche sur la santé reproductive. Conséquence: des dizaines de milliers de femmes ne pouvant se faire avorter chez elles chercheraient une solution dans les États voisins, qui risqueraient d’être débordés.

Sur le terrain, les associations ressentent déjà les effets de l’interdiction décrétée au Texas, début septembre. Le réseau du planning familial en Californie, voit par exemple arriver désormais deux ou trois patientes chaque jour en provenance du Texas. L’ONG californienne Access reproductive justice, qui fournit une aide administrative et financière aux femmes souhaitant avorter, fait elle aussi état d’une «hausse des appels en provenance du Texas». «Nous savons que les obstacles ont tendance à être plus grands pour les gens qui ne viennent pas de Californie, parce qu’ils doivent payer l’avion ou le bus», explique Jessica Pinckney, la directrice de l’ONG.

Exemples «poignants»

Elle cite des «cas souvent poignants de femmes qui ne se sont pas rendu compte qu’elles étaient enceintes avant six ou sept semaines, qui n’ont pas accès aux soins dans leur État et qui ne peuvent bénéficier de leur assurance pour couvrir le coût», pouvant varier, d’après elle, de 200 à 6000 dollars (de 185 à 5520 francs) selon les cas. «Globalement, elles sont forcées de mener à bien une grossesse non désirée ou de prendre des décisions radicales pour quitter leur État», déplore Jessica Pinckney.

Malgré les pressions de Trump

(AFP)

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