Credit Suisse: De scandales à répétition au rachat par UBS

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Credit SuisseDe scandales à répétition au rachat par UBS

Racheté dimanche par son concurrent, Credit Suisse a été fragilisé depuis deux ans par une série de pertes et de scandales.

Enfant terrible de la banque suisse, Credit Suisse a été absorbé dimanche par son grand rival helvétique UBS pour seulement 3 milliards de francs suisses et avec la pressante insistance des autorités suisses et d’ailleurs.

Depuis deux ans, Credit Suisse, un des piliers de l’économie suisse, a été fragilisé par des scandales à répétition, des revers de gestion et une approche trop cavalière des principes prudentiels, au point de présenter un risque pour le système financier mondial.

Faillite de Greensill

En mars 2021, Credit Suisse annonce la suspension de quatre fonds, dans lesquels 10 milliards de dollars ont été investis, liés à Greensill, une société britannique qui s’appuie sur des montages financiers complexes, afin de prêter de l’argent aux entreprises pour payer leurs factures. Un assureur refuse de renouveler les contrats de Greensill. La banque ne peut plus calculer la valeur des fonds et amorce leur liquidation. Greensill fait faillite, faisant vaciller les entreprises qui en dépendent pour leur trésorerie.

Sa faillite se répercute aussi sur ses créanciers, dont le géant japonais SoftBank. Credit Suisse se lance dans une bataille pour récupérer les sommes investies dans ces fonds et rembourser les souscripteurs.

Fonds Archegos

Quatre semaines après, le fonds américain Archegos ne peut plus réinjecter d’argent pour couvrir ses investissements dans des produits dérivés, ce qui déclenche une vente massive d’actions à Wall Street. Plusieurs grandes banques sont touchées. Credit Suisse est la plus affectée, à hauteur de quelque 5 milliards de dollars.

Prêts au Mozambique

En octobre 2021, la banque est rattrapée par une affaire de corruption au Mozambique autour de prêts à des entreprises d’État. Les autorités américaines et britanniques lui infligent 475 millions de dollars de pénalités. Les crédits, accordés entre 2013 et 2016, auraient dû financer des projets de surveillance maritime, de pêche et de chantiers navals, mais ont été en partie détournés pour des pots-de-vin.

La banque s’accorde avec les autorités britanniques pour annuler les 200 millions de dollars dus par le pays, plongé dans une grave crise financière. Le gendarme suisse des marchés lui impose des restrictions pour les nouveaux crédits à des pays financièrement faibles ou exposés à la corruption.

Violation des règles de quarantaine

En décembre 2021, le tabloïd suisse «Blick» révèle que le président de la banque Antonio Horta-Osorio a enfreint les règles de quarantaine liées à la pandémie de Covid-19. D’autres révélations de presse suivent, notamment sur des entorses aux restrictions sanitaires pour assister à un match de tennis à Wimbledon. Ce banquier chevronné – qui avait promis de remettre la gestion des risques au cœur de la culture de Credit Suisse – démissionne, moins de neuf mois après son arrivée aux commandes.

«Suisse secrets»

En février 2022, l’Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), un consortium regroupant 47 médias, dont «Le Monde» et le «New York Times», publie une enquête appelée «Suisse secrets». S’appuyant sur les données de 18’000 comptes datant des années 1940 à la fin des années 2010, elle révèle que la banque a hébergé des fonds de clients sulfureux. La banque rejette «fermement» les conclusions de cette enquête, affirmant que ses données sont «partielles», «inexactes» ou «prises hors de tout contexte».

Procès aux Bermudes

Fin mars 2022, une Cour aux Bermudes confirme que l’ex-Premier ministre géorgien Bidzina Ivanichvili a subi des pertes dans des placements gérés par Patrice Lescaudron, un ancien banquier star de Credit Suisse, licencié en 2015, puis condamné pour escroquerie à Genève en 2018, qui s’était suicidé deux ans plus tard. La Cour lui reproche d’avoir fermé les yeux sur ses malversations.

Blanchiment de cocaïne bulgare

En juin 2022, la banque est condamnée en Suisse dans une affaire de blanchiment liée à un réseau bulgare de cocaïne. Elle était mise en cause dans un procès autour d’une ancienne conseillère qui avait exécuté ou fait exécuter des transactions entre 2007 et 2008, malgré des indices concrets de l’origine criminelle des fonds. La banque se voit infliger une amende de 2 millions de francs suisses.

Deux accords pour des litiges anciens

En octobre 2022, la banque règle un litige aux États-Unis datant de la crise financière de 2008 concernant des titres adossés à des créances hypothécaires en concluant un accord moyennant un versement de 495 millions de dollars. En France, elle accepte de payer 238 millions d’euros, afin d’éviter des poursuites pour démarchage illégal de clients et blanchiment aggravé de fraude fiscale entre 2005 et 2012.

Greensill, la suite

Fin février, deux après le scandale de la faillite de Greensill, l’autorité suisse des marchés financiers (Finma) accuse Credit Suisse d’avoir «gravement manqué à ses obligations prudentielles», en matière de gestion des risques. La Finma réclame des mesures correctrices et ouvre quatre procédures à l’encontre d’anciens managers de la banque.

Rapport annuel repoussé

Récemment la banque a aussi dû repousser la publication de son rapport à la suite d’un appel, quelques heures avant sa mise en ligne, du gendarme américain des marchés financiers (SEC), qui soulevait des questions concernant une révision de ses comptes pour les exercices 2019 et 2020. Credit Suisse a reconnu des «faiblesses substantielles» concernant ses contrôles internes pour ses rapports financiers dans son rapport annuel, suscitant l’agacement des investisseurs au détriment du cours de l’action.

UBS et Credit Suisse chutent en Bourse

L’action du géant bancaire suisse UBS chute de 8,77% dans les premiers échanges lundi, à 15,61 francs après le rachat sous la pression des autorités suisses de sa rivale Credit Suisse pour éviter son naufrage.

De son côté, l’action de Credit Suisse chute en dessous du prix de l’offre d’UBS, s’effondrant de 63,70% à 0,6752 franc alors qu’UBS a accepté dimanche de débourser 3 milliards de francs pour la reprendre, soit 0,76 franc.

(AFP)

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