Rachat par Elon Musk: La Confédération reste sur Twitter pour l’instant

Samedi dernier, le conseiller d’État genevois Mauro Poggia a annoncé qu’il allait cesser d’utiliser son compte Twitter. Dans le quotidien «Le Temps», il a dit ce qu’il pensait de l’opération de rachat de Twitter par Elon Musk le 28 octobre dernier: «Il y a quelque chose de particulièrement indécent dans ce rachat, surtout quand on voit l’ampleur des besoins, alimentaires entre autres. Ces 44 milliards auraient pu apporter tellement plus à l’humanité s’ils avaient été investis autrement.» Il ajoute qu’il utilisait peu Twitter: «J’y restais pour prendre la température, suivre certains débats ou relayer des projets, mais l’essentiel de mon travail se passe ailleurs, sur le terrain».

Sur Twitter, beaucoup d’utilisateurs débattent de l’opportunité de quitter le réseau social depuis le rachat par Elon Musk. Les milliers de personnes qu’il a licenciées par mail, les propos qu’il tient sur les journalistes ou la «liberté d’expression», et le fait de monnayer dorénavant les comptes certifiés (8 dollars par mois) ne laissent personne indifférent. Le compte du porte-parole de la Confédération, André Simonazzi, dispose, lui, de la pastille bleue qui certifie son compte. Depuis une dizaine d’années, la Confédération, les conseillers fédéraux et l’Administration fédérale utilisent passablement de comptes Twitter.

Interpellé sur cette situation nouvelle, André Simonazzi se montre prudent: «En ce moment, il n’est pas encore clair, quelle politique Twitter va adopter définitivement, observe-t-il. Nous suivons donc avec attention ce qui se passe et prendrons nos décisions en fonction de l’évolution de ce réseau social». Il ajoute que la Confédération et le Conseil fédéral «gèrent également d’autres comptes sur d’autres réseaux sociaux, par exemple le nouveau compte Instagram du gouvernement et a la possibilité, si nécessaire, d’adapter sa politique vis-à-vis de ceux-ci».

Finalement, selon lui, l’important est de toucher les personnes là où elles sont: «L’objectif de l’information sur ces comptes est d’atteindre les personnes qui s’informent principalement par ces sources».

Depuis le rachat du 28 octobre, des dizaines de milliers d’utilisateurs ont migré avec plus ou moins de bonheur vers le réseau Mastodon, qui est submergé. Mais pour l’instant ce réseau compte un million d’utilisateurs contre environ 450 millions pour Twitter. Le journaliste Eric Jozsef, correspondant pour la RTS à Rome, a peut-être trouvé une parade: «Se retirer de Twitter, difficile. Ne pas agir, insupportable. Solution bancale: faire la grève une journée par semaine (soit 14,3% de connexion en moins), tant que Musk n’offrira pas les garanties nécessaires. Vendredi 11 novembre sera mon premier jour de grève» .

La militante genevoise Olga Baranova est très présente sur Twitter depuis 2009. Aujourd’hui elle a 3584 abonnés et 711 abonnements. «C’est profondément révoltant, écrit-elle, de voir la plate-forme être mise en danger par le super-ego d’un gars. Nos espaces de débats publics ne doivent pas pouvoir être pris en otage comme ça!» Depuis le 28 octobre, la Genevoise a migré vers Mastodonte, où elle a aujourd’hui 38 abonnements et 28 abonnés. Mais elle est toujours active sur Twitter.