La protection contre l’«effritement» des montagnes coûte cher aux communes

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Réchauffement climatiqueLa protection contre l’«effritement» des montagnes coûte cher aux communes

Protéger la population des risques de catastrophes naturelles en montagne, dues au réchauffement climatique, constitue une lourde charge pour les communes concernées.

La population de Brienz (GR) a reçu des consignes en vue d’une prochaine évacuation.

La population de Brienz (GR) a reçu des consignes en vue d’une prochaine évacuation.

Google Street View/Capture d’écran

Comme le rappelle la «SonntagsZeitung» du jour, jeudi dernier les responsables de la commune d’Albula ont informé les habitants de Brienz (GR) de l’imminence d’un éboulement et d’une évacuation en raison de cette menace. Les 80 personnes concernées n’ont plus que quelques semaines avant de devoir quitter leurs foyers. Les experts espèrent qu’elles pourront retourner chez elles ensuite, sans en avoir la certitude.

Dans des douzaines d’autres communes du pays, sises en dessous de falaises ou de montagnes, chutes de pierres, éboulements, glissements de terrain et coulées de boue menacent. Pour protéger la population, les ouvrages de protection sont nombreux. Mais ces constructions représentent une charge financière importante pour les communes. Ainsi, à Kandersteg (BE), la nouvelle digue de protection contre les éboulements du Spitze Stei, haute de six mètres, a coûté quelque 11,2 millions de francs, dont 1 million à la charge de la commune. Le reste a été financé par le canton et la Confédération.

Surveillance permanente

Et à Saas-Almagell (VS), la commune prévoit des coûts élevés pour la protection contre les chutes de pierre, dont 815’000 francs pour le seul nouveau barrage de rétention. Même si canton et Confédération participent jusqu’à 80% aux coûts, la charge financière sera importante pour la commune: de 25 à 30% de son budget d’investissement. Alwin Zurbriggen, président de la commune précise qu’elle n’a pas cet argent et devra donc économiser sur d’autres postes.

La surveillance permanente des versants critiques constitue une mesure plus avantageuse. Et celle-ci est d’ailleurs déjà utilisée dans le canton de Berne, où 86 endroits menacés par des chutes de pierres sont actuellement surveillés. Ou encore dans les Grisons, qui comptent 50 installations de surveillance et dans le canton d’Uri, qui en compte près d’une trentaine.

Mesures de températures records en 2022

Jeannette Nötzli collecte des données sur le permafrost dans les Alpes pour le compte de l’Institut pour l’étude de la neige et des avalanches SLF à Davos. Ces données sont prélevées dans près de 30 stations pour le réseau national de mesure Permos. Elle note que l’été caniculaire de 2022 a fait grimper les températures dans le pergélisol, avec des mesures records sur deux tiers des sites. Au Schilthorn, dans l’Oberland bernois, à une altitude de 2900 mètres, la température moyenne annuelle est ainsi passée de moins 0,5 à plus 0,03 degré. En Engadine, le glacier rocheux du Corvatsch a dégelé de moins 1,9 à 1,1 degré en dessous de zéro.

C’est une nouvelle peu réjouissante pour la Suisse, où environ 5% de la surface est maintenue par le permafrost, même si des spécialistes comme Jeannette Nötzli affirment qu’une évaluation locale est toujours nécessaire: «Les zones de permafrost ne sont pas des zones instables en soi, car d’autres facteurs comme la teneur en glace, la nature du sous-sol ou la géologie jouent un rôle», nuance-t-elle dans la «SonntagsZeitung».

Il y aura plus de régions fermées en montagne

Le «SonntagsBlick» consacre plusieurs pages à l’histoire des catastrophes naturelles dans nos montagnes, depuis l’éboulement de Goldau de 1806. Dans une interview, Urban Maissen, directeur de l’Office des forêts et des dangers naturels des Grisons, met les férus de randonnée en montagne en garde: à l’avenir il y aura plus de régions fermées pour protéger la population. Car les risques d’éboulements, laves torrentielles et glissements de terrain augmentent avec la fonte des glaciers laissant des flancs de montagne instables. À quoi s’ajoutent le dégel du permafrost, ainsi que la montée de la limite du zéro degré. Ce qui provoque aussi des instabilités et augmente encore le potentiel de laves torrentielles.

S’informer et s’équiper avant une rando!

«Mais il y aura toujours des zones sûres, note le spécialiste. Dans l’espace alpin, la responsabilité individuelle devient plus importante: les gens doivent s’informer – sur les zones interdites, la météo, la topographie – et bien s’équiper», recommande-t-il. «Avec du bon sens et de la responsabilité, on peut continuer à profiter de la nature.»

(ewe)

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