LittératureNeuchâtel équilibre la présence mémorielle des femmes
Les autorités communales rendent hommage à l’écrivaine d’origine hongroise Agota Kristof avec la volonté d’établir l’équilibre des sexes dans l’espace public.
- par
- Vincent Donzé
Après l’actrice Denise Péronne (1920-1978) qui a donné son nom cette année à une rue de Delémont, une place au nom de l’écrivaine Agota Kristof (1935-2011) a été inaugurée ce vendredi au cœur de Neuchâtel. Les autorités communales disent vouloir rendre hommage à une célèbre écrivaine d’origine hongroise ayant vécu à Neuchâtel «tout en manifestant leur volonté de mieux équilibrer la présence mémorielle des femmes dans l’espace public».
L’inauguration d’hier intervient après celle de l’espace Tilo-Frey en 2019, onze ans après le décès de cette politicienne radicale, première élue neuchâteloise au Conseil national en 1971. «Le rôle des femmes, dans notre histoire commune, est essentiel», a insisté le conseiller communal Thomas Facchinetti, en charge de la culture.
La plaquette a été apposée au sud du collège latin, un bâtiment qui abrite la Bibliothèque publique et universitaire. Figure majeure de la littérature française, Agota Kristof «vivait retirée et ne recherchait pas les honneurs, mais l’idée de laisser une telle trace ne l’aurait pas laissée indifférente», selon ses filles Zsuzsanna Béri et Carine Baillod.
Ami d’Agota, le journaliste et cinéaste Eric Bergkraut a évoqué l’écrivaine au caractère entier en parlant de… l’écrivain: «Elle détestait les formes féminines», a-t-il précisé. «Agota n’a jamais été une immigrée docile, juste reconnaissante d’avoir été accueillie en 1956», a-t-il ajouté en précisant qu’elle refusait d’être prise comme «témoin de la perversité du prétendu communisme» qu’elle a fui.
Eric Bergkraut a réalisé deux films sur Agota Kristof, «Continent K» et «Agota Kristof, une rencontre», qui seront diffusés au cinéma Apollo ce dimanche à 10 h 30.