FootballBâle peut renouer avec son mythe européen
Seul club suisse à avoir atteint une demi-finale européenne (en 2013), le FCB a une occasion en or de rééditer sa performance jeudi (21 heures). Il faudra battre l’OGC Nice, contre qui il a concédé le nul 2-2 à l’aller.
- par
- Valentin Schnorhk Nice
Le FC Bâle aime la Coupe d’Europe. Et ce n’est pas que parce qu’elle peut lui être bien utile pour renflouer ses caisses, à l’heure où le club rhénan a surtout pour ambition de combler ses déficits. La Conference League, aussi petite soit-elle en comparaison avec la Ligue des champions et l’Europa League, est non seulement une belle vitrine pour mettre en valeur des joueurs que le FCB fera en sorte de bien revendre, mais elle permet aussi d’amasser quelques millions grâce aux primes de participation. Ainsi, si Bâle devait parvenir à se qualifier pour les demi-finales ce jeudi (coup d’envoi à 21 heures) à Nice, après avoir concédé le nul 2-2 à l’aller, il empocherait 2 millions d’euros supplémentaires. Non négligeable.
Bâle le sait sans doute mieux que n’importe quel autre club suisse. Au XXIe siècle, il a bâti son patrimoine grâce aux compétitions européennes. Un petit trésor de guerre, désormais écoulé, et surtout une histoire qui lui est propre. Personne d’autre que les Rotblau n’a d’ailleurs atteint une demi-finale continentale depuis le tournant du siècle. Bien sûr, Grasshopper ou Zurich ont de vieilles histoires à raconter sur des parcours tout à fait louables, mais il faut remonter au moins un demi-siècle en arrière.
Alors qu’il y a dix ans tout pile, le Bâle entraîné par Murat Yakin (qui avait alors remplacé en cours de saison Heiko Vogel, actuel directeur sportif et coach intérimaire du FCB) s’était permis d’écarter le Tottenham, aux tirs au but. Avant de tomber contre le futur vainqueur, Chelsea, dans le dernier carré.
«Les gens y croyaient»
Il y a donc un mythe européen qui se raconte au travers du FC Bâle. «Petit, je savais que le club avait une histoire particulière en Europe», se souvient Zeki Amdouni, qui peut succéder aux Gimenez, Delgado, Frei, Streller ou Salah. Depuis sa première participation à la Ligue des champions en 2002-2003, Bâle a en effet presque toujours existé dans les tableaux des principales compétitions européennes. En accrochant ou en éliminant plusieurs gros clubs, notamment anglais (Liverpool, Manchester United ou Tottenham). Notamment au tournant des années 2010.
«C’est une époque que nous vivions avec beaucoup de joie, nous n’avions rien à perdre et nous pouvions battre des grosses équipes, se souvient Germano Vailati, deuxième gardien du FCB entre 2012 et 2017. Nous sentions que nous jouions vraiment quelque chose: les gens y croyaient, personne ne pensait que nous allions en prendre quatre sous prétexte que nous jouions un gros club. Même si nous encaissions un but, nous pouvions gagner le match.»
Ces exploits-là ont fait vibrer un pays. «Nous avions un peu l’impression d’être l’équipe nationale, toute la Suisse nous trouvait sympas, sourit Vailati. Le football suisse a pu se faire connaître en Europe grâce à Bâle.» C’est vrai. Il y a dans le FCB un rapport spécial aux compétitions européennes, que d’autres formations (Young Boys en tête) ne parviennent pas à créer. Il y avait même une exigence: «On nous faisait comprendre qu’il était impératif de participer à une phase de groupes», revoit l’ancien portier du FC Sion.
Une saison à marquer
Sauf que tout cela avait bien fini par s’étioler, à mesure que le FCB était moins dominant en Super League, laissant YB lui voler la vedette au niveau national. On se souvient tout juste de ce quart de finale d’Europa League perdu contre le Shakhtar Donetsk juste après l’interruption due au Covid. L’élimination en 8es de finale de Conference League contre l’Olympique de Marseille l’an dernier n’a en revanche pas marqué les esprits.
Le parcours de cette saison non plus, en témoigne un stade qui n’avait été rempli qu’aux deux tiers lors du match aller contre Nice (21’277 spectateurs). «Ce n’est que la troisième compétition européenne, tempère Germano Vailati, désormais entraîneur des gardiens des M18 bâlois. Elle n’a pas la même notoriété que les autres.»
Reste qu’une demi-finale serait tout autre chose. Elle rapprocherait plus que jamais Bâle et la Suisse d’une première finale européenne. «Si nous avons la possibilité d’atteindre les demies, ce serait très particulier: ce n’est pas quelque chose d’habituel pour la Suisse, sourit l’entraîneur intérimaire Heiko Vogel. Cela nourrit notre ambition.» D’autant que l’Europe permettrait aux Rhénans d’avoir quelque chose pour marquer cette saison qui n’a rien de fameuse jusqu’ici.