Commission d'enquête TNTBarthès taxé d’arrogant: le député reconnaît une «maladresse»
Présent sur le plateau de TPMP mardi, Quentin Bataillon assume sa venue, mais dit «regretter» ses critiques sur Yann Barthès.
Le député Quentin Bataillon, président de la commission d’enquête sur les fréquences TNT, «assume» jeudi sa venue dans l’émission TPMP de Cyril Hanouna mais «regrette» une «maladresse» dans ses critiques sur un animateur concurrent, Yann Barthès.
«C’était compliqué de le faire là-bas, parce qu’on voit bien qu’il y a un conflit très fort entre les deux émissions. Ce n’était pas mon rôle de le faire là-bas, c’était une maladresse et je le regrette», a déclaré l’élu de la majorité présidentielle à la radio franceinfo. Cependant, «ma présence sur le plateau, je l’assume», a-t-il ajouté.
Le député Renaissance a reçu des remontrances du camp présidentiel et été pressé de démissionner par la gauche, après son passage mardi dans l’émission «Touche pas à mon poste !» sur C8 présentée par Cyril Hanouna, qu’il avait auditionné comme Yann Barthès dans le cadre de la commission d’enquête.
M. Bataillon avait épinglé en direct «l’attitude assez arrogante» qu’avait, selon lui, lors de son audition le présentateur de «Quotidien» sur TMC.
Aux yeux de l’élu de la Loire, «la commission d’enquête a deux temps importants», a-t-il dit sur franceinfo: celui des auditions, qui se sont arrêtées le 28 mars, et désormais celui de l’écriture du rapport par le député LFI Aurélien Saintoul.
«Est-ce que j’ai vraiment des leçons d’impartialité à recevoir du rapporteur ?», s’est-il interrogé, alors que M. Saintoul ne cache pas qu’il a dans le viseur le groupe Canal+, propriétaire de C8 et CNews et contrôlé par le milliardaire conservateur Vincent Bolloré.
«Période de réserve»
«Je me suis moi-même imposé une période de réserve» pendant les auditions, a souligné M. Bataillon. Mais, «aujourd’hui, nous sommes dans le temps du rapport et des positionnements politiques», a fait valoir le député, qui pense devoir «parler à tous les publics».
Dans TPMP, il a fait de la pédagogie sur les travaux de la commission, consacrée à l’attribution des fréquences TNT, dont celles de C8 et CNews (groupe Canal+) remises en jeu, et dit vouloir «sortir de la chasse aux sorcières, de la chasse aux animateurs, aux journalistes, aux chaînes».
Il s’est aussi adressé à un électorat populaire: «Parfois, le mépris que certains peuvent avoir pour votre émission se reporte sur ceux qui la regardent».
Pas question, pour lui, de démissionner de la présidence de cette commission: «Mon travail, je l’ai fait correctement», a-t-il lancé jeudi face aux accusations de partialité.
«Acte de pédagogie»
Dans un courrier, communiqué à la presse, le même jour, M. Saintoul a cependant demandé à M. Bataillon de «convoquer une réunion du bureau au plus vite afin de statuer» sur son «éventuel remplacement». Le camp présidentiel y est toutefois majoritaire.
Listant huit griefs, le député insoumis rapporte notamment que M. Bataillon avait prévu de se rendre également sur CNews mais a «dû y renoncer face au scandale». M. Saintoul y voit une «stratégie particulière visant à relégitimer les deux chaînes les plus sanctionnées» par le régulateur de l’audiovisuel, l’Arcom.
M. Bataillon a lui soutenu jeudi qu’il irait «partout où on (l')invite pour faire acte de pédagogie» sur les travaux de sa commission.
Mercredi dans «Quotidien», Yann Barthès a affirmé que le député «a foutu en l’air une commission qui aurait pu apporter quelque chose au débat démocratique», «a alimenté la machine à haine et, pour un élu de la nation, c’est très grave».
Le groupe TF1, propriétaire de TMC, s’est lui dit «surpris tant dans la forme que dans le fond par les déclarations» de M. Bataillon, alors même que le rapport de la commission «n’est pas encore rendu».
L’intéressé a indiqué qu’il avait contacté le groupe pour assurer qu’il n’avait pas «d’animosité» à son égard.
Les députés membres de la commission d’enquête devront se prononcer le 7 mai sur le rapport de M. Saintoul. M. Bataillon entend que la majorité présidentielle fasse ses propres propositions sur le cadre d’attribution des fréquences télé, alors que 15 de ces fréquences sont remises en jeu cette année, dont celles du groupe Canal+.